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"Voilà une question polémique aujourd’hui au sein du régime écossais rectifié caractérisée par 2 positions extrêmes : il y a ceux qui estiment que la pratique théurgique martinésiste fait partie intégrante du régime qui culmine alors dans l’Ordre des Elus Coëns, et il y a ceux qui rejettent purement et simplement le martinésisme comme charlatanesque et dangereux. Mais entre ces 2 choix, une position raisonnable et réfléchie, qui consisterait à ne pas ignorer la doctrine de Martinès sans pour autant tomber dans une pratique théurgique débridée, n’est-elle pas possible ?
Dès la mort de Martinès de Pasqually en 1774 la question s’est posée du devenir de son œuvre. Ses premiers disciples ont tenté de l’expliquer comme en témoignent Les Leçons de Lyon aux Elus Coëns (éditées par Robert Amadou, chez Dervy en 1999) qui se tinrent jusqu’en 1776. Travail difficile mais quoiqu’il en soit de leurs efforts, c’est le Régime écossais rectifié qui naîtra à Lyon précisément en 1778 tandis l’Ordre des Elus Coëns cessera toute activité en 1780. On notera que les tentatives de réveil de cet ordre qui ont lieu au XXe siècle, dont celle de Robert Amadou, n’ont guère donné de bons fruits. Au convent de Lyon de 1778, donc, moment fondateur du rite écossais rectifié il est décidé de conserver –même de manière allusive- la doctrine de Martinès qui va irriguer et donner son sens aux 4 grades symboliques de la Maçonnerie rectifiée et d’abandonner toutes les opérations théurgiques pratiques.
Ainsi la Maçonnerie symbolique rectifiée a bel et bien une structure martinésiste qui donne une signification propre aux symboles et, en ce sens, le rite écossais rectifié est martinésiste.
L’histoire des rituels rectifiés en cette fin de XVIIIe siècle le montre également.
Lorsque les rituels de la Stricte Observance –que l’on pourrait qualifier de proto rectifiés- traduits en français par Abraham Bénard arrivent à Lyon en 1774 ils ne doivent rien, évidemment, à la pensée de Martinès.
En revanche ceux de 1778 élaborés à Lyon doivent beaucoup au thaumaturge et, même si son influence n’est pas apparente –ostensible, comme on dit alors- sa doctrine donne une signification cohérente et homogène au nouveau rite écossais rectifié, notamment par l’idée d’histoire secrète de l’initiation telle qu’elle sera développée dans l’instruction aux Grands Profès.
Ce sont ces rituels qui sont adoptés à Wilhelmsbad en 1782.
Cependant la « victoire » de Willermoz à ce convent fut une victoire à la Pyrrhus puisque la réforme de Lyon ne sera pas adoptée en Allemagne. Le mystique Lyonnais se sent alors libre des engagements pris au convent et donne alors aux rituels rectifiés une marque plus explicite. Il procède à ce que l’on nomme « la dernière révision » dans les années 1786-1788, révision au cours de laquelle il injecte, clairement cette fois, des notions martinésistes dans les rituels : feu, terre et eau lors de la réception au 1er grade, les métaux au 2e grade, autant d’éléments issus de la physique martinésiste, le tout appuyé sur un appel explicite à l’intervention directe de la divinité lors des prières (« Bénis et dirige-toi-même les travaux de l’Ordre »). Ce n’est pas de la théurgie au sens strict mais une sorte de para théurgie.
La suite sur le site de la Loge...."
Ce numéro 194 de Renaissance Traditionnelle est à l’image de notre revue : il offre une vaste perspective ! Il s’ouvre en effet sur la découverte de ce qui apparaît maintenant comme le plus ancien document maçonnique français connu. Il se conclut par une présentation stimulante des potentialités des humanités numériques pour la recherche maçonnique.
De longue date L’Anglaise de Bordeaux était considérée comme l’une des premières Loges françaises. Les historiens maçonniques de l’entre-deux-guerres faisaient état de documents – disparus depuis – attestant de sa création le 27 avril 1732. Notre revue avait publié (RT 131-132, p. 174-196) une copie d’extraits des ses livres d’architecture – trouvée dans les « Archives Russes » du Grand Orient de France – réalisée en 1813. Ce recueil commençait par le procès-verbal de la tenue du dimanche 27 avril 1732. Lors d’une mission à Minsk pour étudier le reliquat des « Archives Russes » resté coincé en Biélorussie, Pierre-Yves Beaurepaire y a découvert le premier livre d’architecture de L’Anglaise, un témoignage bien sûr exceptionnel sur les débuts de la Maçonnerie française. Il en prépare une édition critique mais, en attendant, Louis Trébuchet nous présente cette pièce passionnante. Il s’agit maintenant du plus ancien document maçonnique français connu puisqu’il précède de trois ans les « Devoirs enjoints aux Maçons libres » de 1735 et de cinq ans le livre d’architecture de la Loge parisienne Coustos-Villeroy de 1737. D’emblée sa lecture apporte des informations d’un grand intérêt. Ainsi on peut y constater la pratique du grade de Maître dès 1732 ! On sait que celui-ci n’est apparu en Angleterre que quelques années auparavant, vers 1725, et semble avoir mis un certain temps à être adopté par les Loges britanniques. Cette pratique si précoce du troisième grade s’expliquerait-elle par le fait que ces « Anglais » étaient en fait des Irlandais ?
Reinhard Markner a retrouvé les preuves de l’initiation de Cagliostro et essaye de mieux cerner les circonstances de sa réception et le milieu maçonnique où « le Grand Cophte » a fait son apprentissage en Loge. Notre classique « séquence RER » propose d’abord une belle étude du professeur Katsumi Fukaswa sur La Triple Union de Marseille et les tensions qui l’ont divisée, notamment sur de vrais enjeux philosophiques et spirituels. Roger Dachez nous invite ensuite à découvrir la version xviiie siècle du Maître Écossais du Régime Rectifié. Il faut en faire une double lecture. On peut d’abord s’attacher à le resituer dans la généalogie des rituels du RER et y chercher les éléments de la doctrine propre au régime que le grade transmet. Mais on peut aussi l’inscrire dans le prolongement des différentes études que nous avons récemment publiées sur les grades de Maîtres Écossais entre 1740 et 1760 et voir, dans celui du RER, une version de ce quatrième grade qui apparaît et prend une place si importante à partir de 1740. Enfin, poursuivant ses travaux si féconds sur le « fichier Bossu », Thomas de la Sore nous montre combien les nouvelles technologies de l’information peuvent se révéler utiles pour exploiter les riches archives maçonniques du xviiie siècle.
Voilà un beau numéro… qui incitera, nous l’espérons, les derniers retardataires à se réabonner pour 2019 !
Le Temple de la Rose-Croix, 1618 |
Si une cinquantaine de pseudo-Ordres Rose-Croix pullulent aujourd’hui, c’est le résultat d’une dégénérescence du thème rosicrucien dans le monde contemporain. Tout commence en fait en Allemagne au début du XVIIe siècle. Le tournant de 1610 est une période particulière, marquée par le premier centenaire du premier acte de la Réforme. C’est en 1517 que Luther a publié ses fameuses 95 thèses. Et en Allemagne, où est né le luthéranisme, il avait fait naître des espoirs, mais aussi de nombreux conflits, qui ont mené vers le milieu des années 1550 les États du Saint Empire restés catholiques et ceux convertis au protestantisme à sceller la paix d’Augsbourg. Chacun des États du Saint Empire est libre de choisir sa religion. Bien entendu, selon le principe Cujus Regio ejus Religio, Tel prince telle religion.
Au début du XVIIIe siècle : même dans les petits États qui ont choisi la Réforme, on se rend compte qu’elle a construit une nouvelle orthodoxie. À l’Université de Tübingen, de jeunes théologiens constatent que la liberté d’Évangile promise par la Réforme n’a pas abouti et cherchent les moyens d’une nouvelle réformation. Ainsi, à Kassel en Hesse, un des plus anciens États protestants, sont publiés plusieurs ouvrages anonymes. D’abord en 1614 la Fama fraternitatis, l’écho de la fraternité. Puis l’année suivante, la Confessio Fraternitatis, la proclamation de la fraternité en réponse aux échos qu’avait suscités le premier manifeste. Et enfin, en 1616, un troisième document, plus long et d’une structure entièrement différente, Les Noces chymiques de Christian Rosenkreutz. Ces trois « manifestes de la Rose Croix » sont les trois seuls textes de toute l’histoire publiés sous l’égide de la Fraternité de la Rose Croix en Allemagne.
Les deux premiers sont des textes doctrinaux, qui proposent un projet et racontent une légende. Le projet, c’est donc qu’une nouvelle réformation puisse apporter à tous les Chrétiens la république universelle à laquelle ils ont droit. On comprend l’anonymat. À cela s’ajoute en seconde partie un récit de fondation légendaire.
Un mystérieux personnage, Christian Rosenkreutz, qui serait né au XVe siècle, aurait rencontré des sages en Orient et, revenu en Allemagne, aurait décidé de confier l’enseignement reçu à une petite société secrète qu’il crée alors : la fraternité de la Rose-Croix. C’est une référence explicite au blason de Luther, qui contient une croix et une rose. Le vocabulaire qu’ils utilisent, fort déroutant quoique dans l’air du temps, renvoie à des spéculations philosophiques et hermétiques, car 1615 en Europe, c’est le plein développement du courant hermético-kabbalistique.
Le maître meurt et son tombeau est oublié après la disparition de ses compagnons. Mais il aurait été redécouvert par accident dans une crypte, avec un livre permettant de tout retrouver. Les auteurs des manifestes s’en revendiquent donc les héritiers et auraient décidé de voyager à travers le monde pour en répandre les enseignements. Ils restent invisibles, c’est-à-dire qu’ils se fondent dans le quotidien des pays, mais on peut chercher à les trouver pour entamer avec eux un dialogue.
Dans le dernier ouvrage, les Noces chymiques, le ton et le style changent radicalement. C’est une sorte de conte initiatique sur une aventure de jeunesse de Christian Rosenkreutz. Une croix dessinée sur ses vêtements, une rose à son chapeau, il se promène et découvre un château dont les différentes salles recèlent des scènes mystiques qui se jouent devant ses yeux, délivrant un enseignement de manière codée. L’ensemble a suscité des commentaires infinis. On en retient aussi une ambiance mystique et initiatique, car, à la fin, Christian reçoit la qualification d’une chevalerie mystique qu’on lui demande de répandre.
Ces trois textes ont un immense écho en Europe : en une vingtaine d’années, plus de 200 ouvrages commentent ces manifestes ou y répondent. De grands érudits de l’époque comme Michel Maier ou Robert Fludd, séduit par le projet de nouvelle réformation, vont chercher à entrer en contact avec la fraternité.
En fait, l’ordre d’origine de la rose Croix n’a jamais existé. C’est un ludibrium, un canular sérieux, l’invention d’un ordre fictif pour transmettre un message. Les manifestes ont été écrits par un petit groupe de jeunes théologiens qu’on appelle le cénacle de Tübingen. On connaît aujourd’hui leurs noms, notamment Johann Valentin Andreae, issu d’une vieille famille liée aux origines de la Réforme.
Or jusqu’à la fin du XVIIe siècle, en Allemagne, en France et en Grande-Bretagne, après les premiers intellectuels comme Fludd, apparaît une deuxième vague de littérature produite autour des manifestes Rose Croix par des gens qui prétendent appartenir à la Fraternité et en expliquer les écrits. C’est ce qu’on peut appeler la littérature rosicrucienne. En général, ils ignorent tant l’identité que le projet réel des auteurs des premiers manifestes. Ils s’inscrivent dans le courant ésotérique de la Renaissance. Cela crée un courant rosicrucien complètement détaché du projet des origines. Antoine Faivre le compte parmi les cinq courants fondateurs de la tradition ésotérique occidentale moderne. Mais ce n’est qu’une tradition littéraire qui ne s’appuie encore sur aucune autre structure.
Cela change en Allemagne au début du XVIIIe siècle. En 1710, le pasteur Samuel Richter, sous le nom de plume de Renatus Sincerus, publie le Règlement et une esquisse de rituel de l’ordre de la Rose-Croix. Un document atteste donc d’une Rose-Croix qui se prétend organisée sous forme d’un ordre avant les débuts de la franc-maçonnerie spéculative, même si en dehors de ce livre on n’en a aucune confirmation documentaire.
Mais entre les années 1750 et le milieu des années 1780 va naître en Allemagne l’Ordre des Rose-Croix d’or d’ancien système, dans lequel on rencontre de très nombreux francs-maçons mais pas seulement. Il se développe en Allemagne et un peu en France. Il s’appuie sur un système de grades qui reproduit l’arbre séphirotique, avec un grade par Séphira. Partant de Malkus, on parcourt les sept Sephiroth inférieures sans atteindre les trois supérieures, et encore moins la dixième, domaine de l’en-sof, l’immensité divine. Les dénominations de ces grades vont perdurer : Les dénominations de ces grades vont perdurer : zelator, practicus, theoricus, philosophus, adeptus minor, adeptus major, adeptus exemptus.
Les rituels qu’on possède sont fragmentaires et semblent inachevés. Sans être maçonniques, ils ressemblent beaucoup à de la maçonnerie. On ouvre un grade et on le ferme. Entre les deux, on le confère à un candidat en lui faisant vivre un certain nombre de péripéties symboliques où on lui montre des objets et des signes. Un enseignement est délivré par un catéchisme en demandes et réponses. Le contenu mêle hermétisme, alchimie, kabbale, magie avec assez peu de cohérence. Les Rose Croix d’Or d’Ancien Système disparaissent sans postérité à la fin des années 1780.
Bienvenue dans le temple de la franc-maçonnerie ! Vous y serez initié à son histoire, à ses règles et à ses devoirs, aux rites par lesquels les frères vont de l'« équerre au compas », des ténèbres à la lumière. Une bible pour lever le voile sur une société plus discrète que secrète, mais qui, depuis ses origines, n'en finit pas de fasciner.
3 des représentantes des LNFU |
Dr Blandine Vallentin, Frédéric Sotteau, Dominique Sappia, Rodolphe Cristiano, Djamel Khaïda, Robert Guinot |
Avec ce numéro 193, Renaissance Traditionnelle aborde – dans des délais raisonnables – l’année 2019. Mais qu’importe le calendrier profane quand nous nous plongeons dans des sujets aussi passionnants et essentiels ! Nous prolongeons en effet ici l’enquête sur les débuts de l’Écossisme de notre dernière livraison. La problématique se résume à quelques questions : le premier haut grade : où ? quand ? comment ? Paul Paoloni nous propose ici une recherche approfondie et très documentée pour tenter d’éclairer ces trois points.
D’abord il s’agit moins d’un « haut grade » que d’un quatrième grade. Son apparition doit donc être mise en rapport avec la fixation du système « canonique » en trois grades par la première Grande Loge entre 1720 et 1730. Il apparaît bien établi aujourd’hui que la source de ce quatrième grade, appelé à engendrer une nombreuse descendance, se trouve dans les mystérieux « Scot Masters » attestés en Angleterre au milieu des années 1730. Comme la Maçonnerie symbolique, les premiers hauts grades – loin d’être une création tardive et française comme cela a longtemps été affirmé – sont d’origine britannique et s’inscrivent dans le sillage de la formation de la Maçonnerie spéculative elle-même. Bien sûr l’enquête nous conduit vite en France, en Allemagne et même au Portugal… mais dans des milieux maçonniques qui restent très liés à Londres. Alain Bernheim avait souligné en son temps combien les Maçonneries française et anglaise étaient restées proches jusqu’en 1750. Cela souligne combien la Maçonnerie doit être considérée d’emblée comme un phénomène européen dans cette première moitié du xviiie siècle.
Paul Paoloni a rassemblé ici les principaux éléments du dossier, les remet dans leur contexte… et s'efforce de les relier les uns aux autres pour proposer une hypothèse quant à la nature de ce « quatrième grade » originel. Un point nous paraît devoir être mis en lumière dans cet impressionnant travail. On associe en général, et nous l’avons nous-même fait à plusieurs reprises, le premier « quatrième grade » à un Royal Arch archaïque. On retrouve d’ailleurs le thème symbolique du Royal Arch dans plusieurs hauts grades continentaux très précoces comme l’« Écossais de la Voute » sous ses différentes formes. Or cela rend difficile l’intégration à ce schéma du Maître Parfait – ou des « Maîtres Écossais » allemands –, qui n’ont pas de Voute… alors qu’il s’agit probablement d’« autres grades » parmi les plus anciens. Pour Paul Paoloni, les choses se sont faites en deux temps. Dans un premier temps, le « Scot Master » britannique – et ses équivalents « Maître Écossais » continentaux – se caractérisent par une légende qui les situe dans les ruines du Temple de Salomon où le récipiendaire redécouvre – par terre, sous une pierre, au pied d’une colonne, sans plus de précision – le secret perdu du vrai nom de Dieu. Dans un deuxième temps – et c’est un enrichissement « théâtral » presque naturel – cette découverte est transférée dans une voute oubliée dans les fondations du Temple. On passe du Maître Écossais à son développement en Royal Arch. La Maçonnerie continentale, et notamment française, gardera dans sa pratique les vestiges de ces deux couches géologiques…
Nul doute, cher lecteur, que ce beau numéro ne vous conforte dans l’idée de vous réabonner pour cette nouvelle année 2019. Votre soutien est la seule richesse de notre revue et le garant de sa pérennité et de son indépendance."
"Nous travaillons dès maintenant à un numéro double (193-194) consacré à trois Maçons célèbres du Premier Empire : Cambacérès, d’Aigrefeuille, Villevieille. L’étude de leur amitié et de leurs liens permet de mieux comprendre le cercle maçonnique qui entoure Cambacérès. L’article apporte notamment des éléments tout à fait nouveau sur d’Aigrefeuille et éclaire le rôle éminent qu’il a joué dans les dix premières années du Suprême Conseil du Rite Ecossais Ancien et Accepté au nom de Cambacérès. Les quelques lecteurs qui ne seraient pas des ascètes seront aussi sensibles à la dimension gastronomique de ce trio célèbre en son temps !
Le numéro 195 – notre dernière livraison de 2019 – vous proposera un passionnante présentation du plus ancien livre d’architecture d’une Loge française, celui de L’Anglaise de Bordeaux pour la période « du 27 avril 1732 au 13 mai 1755 » récemment retrouvé. Parmi les découvertes exceptionnelles proposées dans ce numéro… un document des plus étonnants semblant attester l’existence d’un chapitre de l’Ordre d’Heredom de Kilwining dans le Nord de la France en… 1743 ! Deux beaux articles aussi autour du RER, sur une de ses Loges qui a joué un rôle important et sur la formation du grade de Maître Écossais de Saint-André."Ce numéro peut être commandé en ligne au prix de 15 €.
"Jean-Baptiste Willermoz a reçu une éducation chez les jésuites jusqu’à l’âge de 12 ans. Il a probablement aussi bénéficié d’une aide familiale, peut-être aussi comme sa sœur, la future Madame Provensal, qui l’accompagnera durant toute sa vie. Il apprend donc à écrire, puis l’histoire, la théologie, la patristique, la philosophie, etc. Il est catholique. Apprenti dans le négoce de la soie, il deviendra un vrai professionnel, entrepreneur et ingénieur, alliant ainsi un côté très pratique par son métier à un besoin plus subtil de recherche spirituelle.
Sa carrière maçonnique fut extraordinaire. Elle commença au tournant du siècle. Il rencontra Martinès de Pasqually, Louis-Claude de Saint-Martin. Il fréquenta la Stricte Observance, fonda le Rite Ecossais Rectifié (convent des Gaules à Lyon en 1778), échangea une correspondance avec tout l’Europe maçonnique et nombre de princes régnants, s’opposa à Jean-Pierre-Louis Beyerlé, s’intéressa au magnétisme animal, etc.
Après la Révolution il s’illustra par son action dans sa ville de Lyon comme administrateur des hospices.
A sa mort c’est Joseph Antoine Pont qui hérite de ses archives et contribuera à les transmettre à la postérité ce qui nous permet aujourd’hui d’étudier à loisir ce grand Maçon, ce Régime maçonnique et la Franc-maçonnerie en général.
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"L’histoire maçonnique britannique de la 2e moitié du XVIIIe siècle est marquée par un conflit entre deux puissances obédientielles, conflit aux conséquences diverses et inattendues. En Angleterre, il s’achève heureusement au début du XIXe siècle par l’union de ces deux organisations rivales, mais en France il va connaître un avatar imprévu dont les implications se font toujours sentir aujourd’hui.
Pour comprendre ce qui va suivre, il importe de se souvenir :
- que ce conflit concerne ce que nous appelons les grades bleus (Apprenti ; Compagnon ; Maître)
- que la césure entre grades bleus et hauts grades n’existe pas au XVIIIe siècle. Elle n’apparaîtra qu’après la décision de la Grande Loge Unie d’Angleterre de 1813.
1. La Franc-maçonnerie dans les îles britanniques au XVIIIe siècle
Le plus ancien système maçonnique connu sous la forme actuelle d’obédience spéculative organisée apparaît en terre britannique dans les années 1720. Ces usages sont dévoilés publiquement en 1730 à Londres dans la fameuse divulgation de Prichard Masonry Dissected.
Deux décennies plus tard, au tournant du siècle, apparaît, en Angleterre, une deuxième puissance maçonnique dénommée Grande Loge des "Anciens Francs-Maçons selon les Anciennes Institutions". Ses usages sont dévoilés publiquement en 1760 par la divulgation The Three Distincts Knocks.
C’est dans cette décennie (1760) qui se cristallise l’opposition entre ces deux Grandes Loges : opposition de pouvoirs et opposition rituelle.
Ces nouveaux maçons exprimaient divers reproches aux premiers, que l’on pourrait résumer dans le titre même de la Grande Loge., titre qu’ils brandirent comme un étendard. Ils se prétendaient, contre toute évidence, plus « anciens » que les premiers, si bien que ceux-ci reçurent, a contrario, le qualificatif péjoratif de « modernes ». On s’en doute, le nom même d’ « ancien » n’est pas neutre et devint même franchement polémique. « Ancien » veut signifier « vraie tradition maçonnique » et « moderne » tradition maçonnique altérée. Quoiqu’il en soit, après 60 ans de rivalité les 2 Grandes Loges vont s'unir en 1813 pour former la Grande Loge Unie d’Angleterre, preuve s’il en était besoin que l’opposition de traditions « Moderne » et « Ancienne » n’était pas si irréductible que cela. Le nouveau rituel qui en résultera deviendra, sous le label « Emulation » un standard de la tradition maçonnique mondiale.
L’histoire de ce conflit pourrait s’arrêter là mais elle va prendre un nouveau tour en terre française. On va voir comment.
2. La Franc-maçonnerie en France au XVIII siècle et son prolongement en Amérique
Ce sont des maçons anglais, écossais, irlandais qui introduisent la Franc-Maçonnerie en France, vers 1725, en fondant une loge, rue des Boucheries à Paris, rue détruite depuis par le percement du boulevard Saint-Germain. A cette époque, ces maçons pratiquent les usages maçonniques de la seule Grande Loge alors connue, la Grande Loge d’Angleterre dite plus tard "Moderne". C'est donc cette tradition "Moderne" qui est unanimement pratiquée en France au XVIIIe siècle. La tradition « ancienne » y est totalement inconnue.
En 1761 se produisit un épisode qui passa probablement totalement inaperçu à l’époque mais qui deviendra, a posteriori, l’acte de naissance d’un nouveau système maçonnique : Etienne Morin, muni d’une patente de la Grande Loge de France de l’époque, s’en va aux Amériques répandre les grades alors pratiqués dans notre pays, entendons les hauts grades.
Ces hauts grades continueront à être pratiqués et à évoluer en France et, sous l’égide du Grand Orient de France et de son Grand Chapitre Général, est composé dans les années 1780 « le rite Français ». Ce rite est composé des 3 grades dits bleus de la tradition des « Modernes » et de 4 « ordres » qui sont une sélection réorganisée de ce que l’on estimait de meilleur dans les hauts grades.
Pendant ce temps-là, Outre-Atlantique, se confectionna, à partir d’un corpus symbolique semblable, un système rituel différent : à la base les 3 grades bleus, non plus de la tradition des « Modernes » mais de la tradition des « Anciens ». En effet, ces derniers s’étaient bien implantés en Amérique aux temps de l’indépendance et s’étaient rapidement imposés sur le plan maçonnique face à la tradition des « Modernes » qui était assimilée au pays colonisateur : l’Angleterre. Au-delà de ces 3 grades bleus, on trouvait un conglomérat de grades formés de ceux transmis ou confectionnés par Morin (décédé en 1771) et d’autres inventés pour la circonstance de façon à former un système en 33 grades qui donnera naissance au 1er Suprême Conseil du Monde (de la juridiction sud des Etats-Unis) en 1801.
3. Le XIXe siècle en France
Au début du XIXe siècle la France et, par voie de conséquence, la Maçonnerie française entrent dans une nouvelle époque. Le 1er Consul, Bonaparte, signe la paix d’Amiens avec l’Angleterre en 1802. Nombres de militaires regagnent notre pays, notamment ceux venus des îles et d’Amérique, parmi lesquels un certain de Grasse-Tilly. Comme nombre de ses confrères, c’était un Franc-maçon. Patenté par le Suprême Conseil du Sud des Etats-Unis il fonde, en 1804, un Suprême Conseil « du 33e degré » à Paris. Or au début de l’Empire, et c’est la volonté de l’Empereur, il n’existe vraiment qu’une seule puissance maçonnique en France, le GODF qui a d’ailleurs à sa tête un membre de la famille impériale, assisté de Jean-Jacques Régis de Cambacérès. Le nouveau Suprême Conseil négocie donc un accord avec le GODF au terme duquel ce dernier régit les 3 grades bleus (de la tradition des « Modernes ») et les hauts grades jusqu’à celui de Rose-Croix (18e) tandis que l’autre partie gérera les grades supérieurs jusqu’au 33e. Malheureusement ce concordat ne résiste pas à la chute de l’Empire. Le Suprême Conseil se scinde alors en deux : l’un demeure fidèle au GODF tandis que l’autre, « le Suprême Conseil de France » prend son indépendance en 1821.
Ce Suprême Conseil de France se retrouve alors dans une situation inédite, celle d’avoir à gérer l’ensemble des 33 grades ou degrés, à commencer par les grades bleus. Comme il voulait se différencier du GODF et que les premiers fondateurs du Suprême Conseil avaient reçu la tradition « ancienne » pratiquée en Amérique, le Suprême Conseil de France décida de s’en inspirer principalement pour confectionner de nouveaux grades bleus. Au vrai ils sont « rouges » (couleur de la Légion d’honneur) et sont principalement composés de 3 sources :
- la tradition « ancienne » comme on vient de le voir
- un rite « écossais » connu en France dans les années 1760 (à Marseille-Avignon-Paris) qui est en réalité un rite « moderne »
- la tradition française pratiquée à l’époque, c’est à-dire là encore « moderne ». Au total ces nouveaux grades « bleus, écossais » (dénomination destinée à les distinguer des grades « français ») sont un mixte de ces traditions « moderne » et « ancienne ». On peut le découvrir, publié en 1821 dans Le Guide des Maçons Ecossais (cf. réédition par Pierre Noël, Paris 2006).
4. Le rite des « Anciens » en France
Avec ces grades « bleus écossais » on aurait pu penser qu’ait été trouvé entre ces deux traditions un compromis harmonieux, à l’image du rite anglais issu de l’Union de 1813. Mais en réalité, du fait de l’évolution rapide de la Maçonnerie française au XIXe siècle, évolution à laquelle le Suprême Conseil de France ne va pas échapper, ce nouveau rite ne va guère être pratiqué tel quel et va, dès les années 1830, se « franciser », se moderniser – c’est particulièrement visible dans la nouvelle rédaction des instructions- jusqu’à prendre une couleur politique, laïciste et sociétale bien connue (cf. le cas de la Grande Loge symbolique écossaise). Au XXe siècle la situation change. Malgré son évolution « progressiste » le Rite « écossais ancien » va vouloir peu à peu se présenter comme un contre-modèle à un rite français ou « moderne ». On réutilise alors, mais dans un tout autre contexte, la querelle anglaise des « Modernes » et des « Anciens » pour étayer l’idée selon laquelle le Rite Ecossais Ancien et Accepté, dans ses grades « bleus » serait l’héritier d’une tradition « ancienne » plus authentique que la tradition des « Modernes » qualifiée aujourd’hui d’« Andersonienne » et représentée par le GODF.
[..]"
"Le tableau, c’est la Loge. C’est le même qu’au 1er grade. La seule différence visible ou sensible réside dans le nom de la 2e colonne. Le candidat, lui, apprendra la signification et le rôle de la lettre G et monte l’escalier jusqu’à la 5e marche.
Problème des 2 colonnes : La signification du nom de ces colonnes donnée par la Bible n’est pas la même que celle donnée par Régime Ecossais Rectifié qui indique au premier grade « Dieu m’a créé » (on découvre la création) et au deuxième « en Lui est ma force » où l’on propose au candidat un programme spirituel.
Il y a lieu de distinguer les points de vue de l’archéologie et de la tradition.Sur le plan archéologique il y a des temps ou âges des colonnes :
- temps préhistoriques (pierres dressées liées à la divinité) ;
- âge du bronze (colonnes creuses);
- âge historique (livre des Rois et des chroniques).
Sur le plan traditionnel il y a les colonnes antédiluviennes et les colonnes du Temple de Salomon (avec leur dimension, leur situation, leur signification), ces dernières liées au mot du Maçon. Mais à partir du milieu XIXe siècle, cette question des colonnes est traitée avec la plus grande fantaisie.
Pour plus de détails, allez sur le site de la Loge...L’Etoile et la lettre G : à l’origine les 2 éléments sont disjoints. L’étoile, avec ou sans branches, trouve sa place au 1er grade et symbolise la lumière. La lettre G surdétermine ou renforce la signification de l’Etoile (cf. une gravure de 1742). Elle signifie Géométrie (le Dieu Géomètre des Anciens Devoirs) ou plus simplement God ou Dieu (dès les premiers rituels français). En plaçant la lettre G au centre de l’Etoile on transforme la Loge d’Apprenti en Loge de Compagnon. L’Apprenti reçoit la lumière, le Compagnon apprend que la lumière est Dieu. Ainsi la lettre G, au centre, est un guide, notion importante au RER."
Mes Bien Aimés Frères,
Nous exprimons ici notre gratitude au nom de tous ceux que nous avons pu aider l’hiver dernier. Généralement moins pénible qu’en hiver, la situation de déshérité est, d’une certaine manière plus flagrante à l’approche des beaux jours, tout particulièrement en cette fin de XXe siècle et dans pays industriels.
La Misère, dans le Monde Moderne, a peut-être en effet quelque chose en elle, de plus fondamentalement scandaleuse encore, que dans les siècles passés, car elle subsiste et s’amplifie malgré les moyens matériels et techniques gigantesques dont nos "civilisations" sont si fières, sans être capables de régler le si grave et dramatique problème de la pauvreté.
Il s’agit là, en fait, d’une aggravation considérable et continue, des paradoxes d’une société aberrante, qui crée d’immenses richesses, et développe une puissance colossale, avec une formidable technologie, multipliant en même temps, les richesses matérielles de l’ensemble humain et le nombre des exclus de cette prospérité.
Quelle que soit l’explication donnée, la cohabitation de l’Opulence et de la Misère est toujours indécente. Elle l’est plus encore aujourd’hui, alors que l’Abondance présente élimine les excuses et justifications (de toutes façons inexcusables et injustifiables) de la Rareté ancienne.
Mes Frères : Notre monde moderne règle son existence sur un certain mode de vie, lequel inclut des us et coutumes et parmi ceux-ci : les vacances. Il y a les exclus des vacances.
Comme il y a les exclus du Confort et de la Famille, de la Santé et de la Culture, des Sentiments et de l’Amitié... toutes sortes de catégories... déshérités permanents et facultatifs, pauvres nouveaux et anciens, malades, infirmes, incurables, déprimés, désespérés, délaissés, femmes opprimées, vieillards oubliés, laissés pour compte, enfants abandonnés, enfants martyrs, handicapés physique et psychique, isolés de tous âges, etc... ... ...
L’habitude des vacances semble inclure une autre habitude : celle d’"oublier" (individuellement ou collectivement) un grand nombre de nos frères humains, et avec eux d’ailleurs, nos frères différents animaux, nos plantes, nos pierres... rejetant toute forme de la Vie avec une égale indifférence.
C’est là une bien mauvaise habitude, et plus précisément une habitude criminelle ; une habitude criminelle qui remet en cause notre vocation humaine et notre véritable raison d’être.
Mes Chers Frères : à vous qui avez manifesté spontanément et magnifiquement votre sens social et spirituel, et qui, par là-même avez ajouté à l’acte généreux, l’exemple communicatif et bienfaisant, nous vous demandons de participer à cette nouvelle action de la Très Grande Charité Amicale Solidaire et Fraternelle des Vrais Maçons, qui désirent donner en remerciant ceux qui reçoivent, et qui, un jour donneront aussi, comme ils auront reçus.
Nous savons que l’attitude hospitalière, est celle de tout maçon, le frère hospitalier n’étant qu’un substitut, et que cette action s’exprime aussi bien sur le plan de l’aide morale et matérielle envers toute souffrance humaine et non humaine que sur le plan de l’action rituelle et spirituelle de nos travaux en loges, qui constituent, avec la transmission de l’incomparable message initiatique l’exposition, au sein d’un monde défiguré et dénaturé par lui-même, d’une communauté de Frères Libres et Egaux par la Grâce de la Céleste Amitié.
Robert de la folieVénérable Maître de la Céleste AmitiéHospitalier National de la Loge Nationale Française
IHomme ! Roi du monde ! Chef-d’œuvre de la création lorsque Dieu l’anima de son souffle ! Médite ta sublime destination. Tout ce qui végète autour de toi, et n’a qu‘une vie animale, périt avec le temps, et est soumis à ton empire : ton âme immortelle seule, émanée du sein de la Divinité, survit aux choses matérielles et ne périra point. Voilà ton vrai titre de noblesse ; sens vivement ton bonheur, mais sans orgueil : il perdit ta race et te replongerait dans l’abîme. Etre dégradé ! malgré ta grandeur primitive et relative, qu’es-tu devant l’Eternel ? Adore-le dans la poussière et sépare avec soin ce principe céleste et indestructible des alliages étrangers ; cultive ton âme immortelle et perfectible, et rends-la susceptible d’être réunie à la source pure du bien, lorsqu’elle sera dégagée des vapeurs grossières de la matière. C’est ainsi que tu seras libre au milieu des fers, heureux au sein même du malheur, inébranlable au plus fort des orages et que tu mourras sans frayeur.
IIMaçon ! Si jamais tu pouvais douter de la nature immortelle de ton âme, et de ta haute destination, l’initiation serait sans fruit pour toi ; tu cesserais d’être le fils adoptif de la sagesse, et tu serais confondu dans la foule des êtres matériels et profanes, qui tâtonnent dans les ténèbres.
"&I. Ce paragraphe, écrit dans un style littéraire peu adapté à des hommes de la fin du XXe siècle, renferme pourtant des enseignements rectifiés. On y apprend la constitution intime de l’homme qui est ternaire : matériel ou corps ; vie animale ou âme ; âme immortelle ou esprit. Cette tripartition, largement oubliée aujourd’hui et réduite à la dualité corps-âme, est cependant attestée dès Saint Paul et classique dans le christianisme jusqu’au Moyen âge. L’esprit est donc l’âme immortelle émanée de la divinité. Ce principe, par un travail qui commence par l’adhésion intellectuelle et qui s’achèvera, au cours d’un cheminement spirituel, par la réalisation spirituelle, doit se séparer des alliages étrangers dans lesquels il est englué, le corps et l’âme c’est-à-dire le monde où nous sommes en exil depuis la Chute."