samedi 24 février 2018

Loge Louis de Clermont

La Loge « Louis de Clermont » publie ses travaux !

Fondée en 1979, c’est la 3e Loge d’études et de recherches créée au sein de la Loge Nationale Française après les Loges « Heraldica » et « William Preston ».

Pendant ses 35 années d’activité elle a consacré ses forces à l’étude de la Franc-maçonnerie française de la première moitié du XVIIIe siècle et de ses sources premières à savoir la Maçonnerie britannique des origines (principalement XVIIe et début XVIIIe siècle).

Sous la direction de son principal fondateur et premier Maître de Loge, René Guilly-Désaguliers, suivi par d’autres grands noms de la recherche maçonnique académique tels Roger Dachez, Pierre Mollier et consorts, la Loge travailla, selon la méthode universitaire historico-critique et à travers la recherche et l’étude de documents, à inventer la première Maçonnerie française héritière directe de la première Maçonnerie britannique, celle dite des « Modernes ».  Et non seulement elle étudia les usages maçonniques de ces premiers temps mais elle essaya également de découvrir la signification traditionnelle de symboles bien souvent oubliée.

De nombreuses tenues furent dédiées à l’étude des divulgations françaises des années 1740-50, d’autres à des études plus générales sur les premières loges en Angleterre, les débuts de la Franc-maçonnerie en Irlande, la signification traditionnelle des pierres, et jusqu'à s'intéresser à la pensée de la Renaissance, par exemple à travers le personnage de Philibert de L'Orme.

Certains de ses travaux furent publiés dans la revue Renaissance Traditionnelle ou sous forme d’ouvrages, à commencer par les 3 livres de René Désaguliers.

Nous proposons donc aujourd’hui à la bienveillante attention de nos lecteurs la publication, sinon intégrale du moins très importante, des travaux de la Loge.

Pour le moment sont disponibles les dernières années, soit 2010-2015, au cours desquelles, la Loge suivant le bon conseil de Boileau en remettant son ouvrage vingt fois sur le métier, a repris l’étude d’une des premières divulgations française, Le Secret des Francs-maçons de l’abbé Pérault (1744) et le réexamen d’ouvrages de René Désaguliers.

Le lecteur trouvera des comptes-rendus verbatim ou résumés selon les cas. Puisse-t-il être encouragé à relire ces divulgations si importantes pour l’histoire et la mission de l’Ordre maçonnique en France et dans le monde.

Nous poursuivrons, petit à petit, la publication de ces comptes-rendus en remontant dans le temps jusqu’à arriver aux tous premiers rédigés dans les années 1980 par un secrétaire exemplaire de la Loge, feu le frère Raymond Jalu.

Nous espérons que nos lecteurs trouveront plaisir et intérêt à étudier ces comptes-rendus et nous leur sommes reconnaissants d’avance s’ils voulaient bien nous faire part de leurs réactions.

Bonne lecture !

Thierry Boudignon
Archiviste national LNF

dimanche 18 février 2018

Les "Foresters" en Angleterre

"L’ « Ancient Order of Foresters » est une société que l’on peut qualifier de «méta-maçonnique». Il revendique une certaine ancienneté puisqu’il prétend, sans preuve, être fondé en 1745 dans le Yorkshire près de Newborough. En réalité, son origine remonte aux années 1790-1791 à Kirkgate dans le comté de Leeds. Il s’appelle alors l’ordre royal des Forestiers."
Dans la Loge William Preston lettre ב de la LNF, une présentation de cet Ordre méta-maçonnique en Angleterre du XVIIIe au XXe siècle, a été faite par Roger Dachez en 1999, qui se poursuit ainsi :
"La cour n° 1 se réunissait à l’ « Old Crown Inn », endroit qui était aussi celui où se rassemblait une loge. D’ailleurs, le dirigeant de cette cour et le Passé Maître de cette loge était une seule et même personne: John Smilton. L’ordre va se développer rapidement bien que, pour l’attester, les documents soient rares. En 1800, la cour n° 1 devient « Supreme Court ». Les rituels et les instructions sont très influencés par la Maçonnerie. Ainsi les décors, d’abord constitués d’écharpes puis de colliers, se modifient par mimétisme avec la maçonnerie. Au cours du XIXe siècle, on adopte le tableau (à l’image du tableau de loge). Bien que les officiers des cours ne soient pas les mêmes qu’en loge (on trouve des « Beadle » [bedeau] ou huissiers et des « Woodward » ou gardiens), le rituel – qui est pratiqué actuellement, et qui date de 1840 – est une copie, adaptée aux besoins de l’ordre, des rituels maçonniques. [..]"
La suite sur le site de la Loge...

dimanche 11 février 2018

Nouvelles lumières sur le conflit des Antients et des Moderns

La Loge d'études et de recherches de la LNMF, Elizabeth St Leger lettre Ɑ, dédiée à la compréhension de l’esprit et des usages de la maçonnerie d’outre-Manche et des sources de la tradition maçonnique dans son ensemble, vient de créer son site Internet dans lequel seront publiés au fur et à mesure l'ensemble de ses travaux.

Le dernier travail disponible en ligne concerne le conflit des Antients et des Moderns dans l’Angleterre maçonnique du XVIIIe siècle, présenté par Roger Dachez le 23 mars 2017 :
"Ce travail fera l’objet d’une publication dans un prochain numéro de la revue Renaissance Traditionnelle sous le titre « La tradition des Antients : un mythe historiographique français ». C’est donc un bref résumé qui est présenté ici.
Ce conflit est maintenant bien connu, notamment grâce aux études érudites de la Loge des Quatre Couronnés de Londres, et à partir de l’état actuel de la recherche, nous pouvons étudier comment une certaine historiographie française s’est emparée de ce thème pour l’instrumentaliser à des fins de politique maçonnique obédientielle.
Rappelons brièvement les faits historiques.
Autour des années 1720 apparaît la première Grande Loge du monde, la Grande Loge d’Angleterre. A partir de 1751 naît une 2e Grand Loge en opposition à la 1ère. S’en suivra un conflit de plusieurs décennies qui se résoudra finalement en 1813 avec la création de la Grande Loge Unie d’Angleterre.
Les historiens se sont interrogés sur les raisons de l’apparition de cette 2e Grande Loge et diverses théories ont été émises.
William Preston, dans son célèbre ouvrage Illustrations of Masonry (2e édition 1775), a été le promoteur de la thèse selon laquelle cette 2e Grande Loge serait un schisme de la 1ère, pour revenir à d’anciens usages que cette dernière aurait abandonnés.
Un siècle plus tard, Henry Sadler, dans son ouvrage Masonic Facts and Fiction (1887), démontre après une sérieuse étude documentée, que la fondation de la 2e Grande Loge n’était pas le résultat d’un schisme mais qu’elle était le fruit de la volonté de frères, la plupart d’origine irlandaise, qui n’ayant pas ou mal été accueillis par la 1er Grande Loge en ont créé une de novo. Emmenés par un frère exceptionnel, Laurence Dermott, ils vont donner à cette nouvelle Grande Loge un grand renom en se différenciant le plus possible de la 1ère Grande Loge, jusqu’à l’attaquer de front à partir du milieu des années 1760, dans la 2e édition de leurs Constitutions Ahiman Rezon où ils se présentent comme les successeurs d’une maçonnerie irlandaise « ancienne », entendez plus ancienne et plus vraie que la Grande Loge d’Angleterre considérée comme dégénérée.
..."

La suite sur le site de la Loge...

jeudi 8 février 2018

Religio Duplex

En 2016, dans la Loge Liber Latomorum de la LNMF, Gérard Gendet a présenté un compte-rendu exhaustif de l'ouvrage intitulé Religio Duplex, Comment les Lumières ont réinventé la religion des Egyptiens, de Jan Assmann.
"L'auteur considère que c’est en effet à l'époque des Lumières que se cristallise la thèse d’une double religion présente en Egypte depuis la haute antiquité et que la maçonnerie aurait peu à peu redécouverte en la décelant dans diverses sources littéraires. L’enquête menée par Assmann rassemble les éléments de cette genèse. Elle se veut historique et sociologique. 
[..] 
Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles se développe l’opposition entre la religion naturelle et la religion révélée, ou religion « positive », que l’on peut résumer par l’opposition entre la raison et la foi. Elle recouvre deux conceptions de Dieu, le Dieu des philosophes et le Dieu des Pères. Par « religion naturelle », il faut entendre une sorte de religion originaire qui suit l’instinct que la nature met en nous et qu’on se représentait comme un monothéisme, ou plutôt comme un panthéisme, un « Spinozismus ante Spinozam ». Elle contient l’idée d’une cause première d’où tout est issu selon la formule grecque Hen kai Pan, littéralement « l’Un et le Tout », ou le « Un-Tout ». La formule est généralement attribuée à Héraclite. Mais, aux yeux des Lumières, une autre origine encore plus lointaine se fit jour : « un certain nombre d’érudits croyaient pouvoir établir que cette religion panthéiste originaire de l’Un comme Tout existait dans l’Egypte antique ». Elle passait pour le savoir le plus ancien de l’humanité. C’est à partir des descriptions transmises par les auteurs Grecs que naquît cette image de la religion de l’Egypte ancienne comme religio duplex. Parmi les plus importantes on compte le traité de Plutarque (46-125) Isis et Osiris et l’écrit du néoplatonicien Jamblique (242-325) connu depuis la Renaissance sous le titre Sur les mystères égyptiens (De mysteriis Aegyptorum). A celles-ci s’ajoute dans l’Antiquité tardive une vaste littérature gréco-égyptienne de type religieux comprenant des papyrus magiques et les traités du Corpus Hermeticum, très imprégnés de motifs et de conceptions néoplatoniciennes. Selon Assmann cette littérature, qui eu une grande influence à l’époque des Lumières, contient en substance l’idée d’une dissociation entre une religion du peuple et une religion des élites.
De manière très approfondie Assmann examine les différentes étapes du processus par lequel est né le phénomène de la religio duplex et pourquoi les francs-maçons ont cru à la thèse de l’Egypte antique comme étant à l’origine et l’initiatrice de ce type de religion. Thèse qui repose largement sur des méprises et des erreurs. Grâce à son expérience d’égyptologue, Assmann commence par dresser l’état de la situation politique et sociale à la fin de la civilisation égyptienne et l’interprétation qu’en firent les Grecs. L’Egypte ancienne fut successivement soumise à la domination des Perses, des Grecs puis des Romains et selon l’auteur, en réaction aux dominations étrangères, il y eu de la part des élites égyptiennes, dépossédées du pouvoir politique, socialement dégradée, une cléricalisation de la culture qui se réfugia dans le secret des temples, donnant ainsi prétexte à une distinction entre religion populaire et, derrière celle-ci, une sagesse profonde, inaccessible au peuple et réservée aux « sages ». A cela s’ajoutent les concepts du sacré et du secret très proches l’un de l’autre, le sacré étant considéré comme ce qui est secret par excellence dans la religion égyptienne. Les textes sacrés, destinés à la récitation, mettaient en œuvre un procédé qu’il appelle « interprétation sacramentelle », fondée sur l’idée d’un double sens de l’écrit, « une sémantique à double fond », reposant sur la distinction entre un sens littéral et un sens mystique, entre « le niveau des phénomènes et le niveau de la signification secrète ». Le second sens ayant un aspect transformant. Celui qui en use lors d’un rituel bien réglé se transfigure. Assmann y voit un procédé permettant de forger une interprétation qui présuppose la distinction entre un monde matériel et temporel où se déroulent les rites et un monde des dieux ; cette dualité remontant à la haute Egypte, deux à trois millénaires avant notre ère. C’est dans cette antique tradition, pense-t-il, que réside le vrai noyau de la conception que se firent les Grecs des Mystères Egyptiens.
Les francs-maçons du 18ème siècle n’avaient pas accès à la signification des hiéroglyphes, dont le déchiffrement commença avec Champollion en 1822. Néanmoins l’idée qu’ils se firent de l’écriture de l’Egypte ancienne, ou plutôt de ses différentes écritures, explique l’image qu’ils projetèrent sur sa religion et sa culture. La première erreur pointée par Assmann réside dans la conviction de la présence de deux écritures. L’une cursive destinée à tous, le démotique (« démotique » vient du grec dêmos, « peuple » et signifie « écriture du peuple »), l’autre hiéroglyphique qui n’était que pour les prêtres (d’où le nom de hiéroglyphes, du grec hieros, « sacré », hiereus, « prêtre »). En réalité on utilisait en Egypte trois écritures : « l’écriture hiéroglyphique pour les inscriptions monumentales ; le hiératique, une écriture cursive, pour les manuscrits sur papyrus et autres matériaux ; et enfin une écriture cursive encore beaucoup plus simple pour la langue vernaculaire, le démotique ». Aujourd’hui nous savons qu’il s’agit de trois variantes d’un unique système d’écriture. Déjà au 1er siècle av. J-C. Diodore de Sicile interprétait le démotique comme le système général d’écriture, appris par tous, et l’écriture sacrée comme une écriture qui n’était utilisée que par les prêtres et enseignée dans le cadre des Mystères. Deux cents ans plus tard Clément d’Alexandrie (150-220) restitue plus précisément cette triple forme d’écriture et décrit son apprentissage comme un chemin initiatique, l’écriture hiéroglyphique formant le couronnement d’une culture sacerdotale. A la façon de Diodore, il comprend l’apprentissage des hiéroglyphes comme le degré le plus élevé de l’initiation aux Mystères égyptiens, mais pour lui la frontière entre la face extérieure et la face intérieure, entre le profane et le sacré, entre le niveau exotérique et le niveau ésotérique de la culture égyptienne, passe entre l’écriture épistolaire (démotique) et les deux écritures sacerdotales (hiératique et hiéroglyphes), qui marquent à leur tour différents degrés du secret dans les Mystères des temples. En outre Clément distingue dans l’écriture hiéroglyphique les signes élémentaires et les symboles. Les symboles se subdivisant à leur tour en trois sortes : la simple imitation, le transposé ou « tropique » et enfin l’allégorique ou énigmatique. Porphyre de Tyr (234-305) traite également des écritures égyptiennes dans le cadre de l’initiation aux Mystères égyptiens, en l’espèce l’initiation de Pythagore, censé avoir étudié des dizaines d’années auprès des prêtres égyptiens. Lui aussi distingue trois types d’écriture qu’il nomme « épistolographe », « hiéroglyphe » et « symbolique ». Clément et Porphyre établissent tous deux une relation entre l’écriture hiéroglyphique et l’idée d’une cryptographie liée à sa fonction dans les Mystères. En résumé, dans cette conception d’une double culture strictement scindée entre exotérique et ésotérique réside la nécessité d’une double écriture et inversement. C’est sur cette opposition (hiéroglyphes = écriture ésotérique, cursive = écriture exotérique) que s’est progressivement édifiée l’idée de la double religion.
[..]" 
La suite sur le site de la Loge.

dimanche 4 février 2018

Loge Gérard GEFEN n° 29

Située à l'Orient de Marseille, la Loge Gérard GEFEN portant le n° 29 de la LNF, rend hommage au franc-maçon du même nom (1934-2003) qui travailla toute sa vie à une meilleure compréhension, pratique et étude du Rite Anglais de style Emulation.

Mais qui était ce Frère ?
Gérard Gefen était musicologue, écrivain, producteur de disques classiques, grand voyageur et connaisseur du rite anglais de Style Emulation entre autres choses.
Après avoir associé à des études en philosophie et en sciences politiques, celles de l'histoire de l'art et de la musique, Gérard Gefen s'est finalement consacré à ces dernières disciplines. On lui doit un très grand nombre d'émissions de radio (France Musique, France Culture, Radio de la Suisse romande) et de collaborations à la presse musicale.
Mais, avant tout écrivain, il est notamment l’auteur de Les Philosophes, roman (Éditions du Scorpion, 1960) ; Furtwängler, une biographie par le disque (Pierre Belfond, 1986) ; Augusta Holmès, l'outrancière (Pierre Belfond, 1987) ; L'assassinat de Jean-Marie Leclair, récit (Pierre Belfond , 1990) ; Histoire de la musique anglaise (Fayard, 1992) ; Les musiciens et la franc-maçonnerie (Fayard, 1993) ; Maisons de musiciens (Chêne, 1997) ; Paris des artistes, (Chêne, 1998) ; Paris vu du ciel, (Chêne, 1998) ; La Sicile des Guépards, vie quotidienne d’une aristocratie, (Chêne, 2000); Le siècle de feu de l’Opéra italien, (Éditions du Chêne, 2000) ; Verdi par Verdi (L’Archipel, 2001) ; Wilhelm Furtwängler, la puissance et la gloire, (L’Archipel, 2001) ; Piano (Chêne, 2002) ainsi que de nombreuses contributions dans des ouvrages collectifs, de plusieurs traductions et d’un livret d’opéra.
Initié en 1974, il fut membre de la Loge Nationale Française (Loges Goodwill n°17, René Guilly n°22, Loge d’études et de recherches William Preston lettre Beth) et membre correspondant de la célèbre Loge d’études des Quatuor Coronati. Il y pratiqua le rite anglais, style Emulation, dont il possédait tous les grades et dignités : Passé Maître, Passé Maître de la Marque, Passé Zorobabel, Principal du Suprême Grand Chapitre de la Maçonnerie française de la Marque et de l’Arc Royal.
De nombreuses informations et divers travaux en ligne sur le site de la Loge Gérard GEFEN...