dimanche 24 mars 2024

Renaissance Traditionnelle n° 206 : nouveaux cahiers de Saint-Martin

 Le dernier n° 206 de Renaissance Traditionnelle vient de paraître !


Voici l'éditorial par le directeur de la revue, Roger DACHEZ : 

Le présent numéro de Renaissance Traditionnelle achève l’année éditoriale 2023. Désormais, le nouveau rythme de publication sera respecté et deux livraisons de 128 pages verront le jour chaque année : l’une vers la fin du mois de juin et l’autre à la fin du mois décembre, l’année calendaire étant dorénavant en phase avec l’année éditoriale, pour le confort de nos lecteurs – et la sérénité retrouvée de notre rédaction…

Pour la première fois dans la nouvelle formule de notre revue, on trouvera en dossier central les nouveaux Cahiers de Saint-Martin, héritiers de la revue homonyme qui parut entre 1976 et la fin des années 80 sous l’égide de ces grands noms des études saint-martiniennes que furent Robert Amadou et Antoine Faivre, aujourd’hui disparus, ainsi que Nicole Jacques-Lefèvre qui poursuit toujours ses travaux dans un domaine dont elle demeure l’une des spécialistes les plus respectées. Peu avant sa mort, Antoine Faivre nous avait fait part de son souhait que cette revue retrouve une nouvelle vie et nous en avait confié la mission – nous avons donc tout mis en œuvre pour exaucer ce vœu, dans la fidélité à sa mémoire.

Dominique Clairembault, à présent chargé de ce supplément annuel de Renaissance Traditionnelle, propose pour commencer d’aller à la recherche de Saint-Martin comme traducteur de Jakob Boëhme. On sait en effet que celui que le Philosophe Inconnu nommait son « deuxième maître » fut en grande partie redécouvert – y compris en Allemagne – grâce aux traductions opérées par le théosophe d’Amboise, lequel avait appris l’allemand dans ce seul but ! D. Clairembault nous montre à cette occasion que les traductions de Saint-Martin nous en apprennent au moins autant sur lui-même que sur le théosophe germanique…

Le dossier réserve aussi une surprise de la recherche, avec la découverte fortuite et presque providentielle d’un très probable portrait, jusqu’ici inconnu, de Louis-Claude de Saint-Martin ! Nos lecteurs, en suivant l’enquête que nous avons conduite à son sujet, pourront contempler sans doute pour la première fois les traits du Philosophe Inconnu, et auront enfin le privilège de le voir tel que ses contemporains eux-mêmes ont pu le faire. Selon la plaisante formule de Robert Amadou, on peut vraiment dire, à cette occasion, qu’une fois de plus « le Ciel sourit aux martinistes » !

On trouvera également une présentation de la « Bibliographie du martinisme », publiée en 1939 par un auteur inconnu…

Dans les Varia, notre ami Philippe Langlet aborde en premier lieu la question des « Commandements et serments maçonniques »,  rappelant le fort ancrage biblique de tous les engagements maçonniques, dès l’origine.

D’autre part, notre collègue et ami d’outre-Rhin, Reinhard Markner, qui a déjà honoré notre revue de ses articles, nous présente un singulier document, en l’occurrence un discours prononcé en 1752 par le célèbre baron von Hund, le fondateur de la Stricte Observance Templière, qui révèle chez lui l’influence un peu inattendue du nom moins célèbre Ramsay ! Un exemple frappant de la libre circulation des idées dans le monde foisonnant de la maçonnerie continentale du XVIIIe siècle.

La chronique désormais habituelle de Jean-Michel Mathonière, Côté Compagnonnages, aborde cette fois la question méconnue des appartenances conjointes la franc-maçonnerie et au Compagnonnage au début du XIXe siècle : un sujet bien moins anecdotique qu’il n’y parait, illustrant sans doute la voie par laquelle, contrairement à une opinion encore répandue, ce sont bien les rituels compagnonniques qui, à cette époque, ont emprunté aux rituels maçonniques – et non l’inverse.

Enfin, dans les Comptes rendus de livres et la Revue des revues, nous poursuivons notre examen critique des publications les plus récentes – en évitant celles dont nous préférons ne pas parler, pour privilégier les travaux qui, selon la formule chère à notre revue depuis toujours, permettent de « mieux comprendre et mieux aimer la tradition maçonnique dans sa double dimension historique et spirituelle.

Ce numéro est disponible sur le site de Renaissance Traditionnelle ! 

vendredi 1 mars 2024

Ode au Haggis

Le 25 janvier, tous les foyers écossais ainsi qu'un bon nombre d'expatriés partout dans le monde célèbrent donc la Burns Night. A cette occasion, on sort sa plus belle vaisselle, son kilt et pour certains sa cornemuse et l'on se retrouve pour un bon dîner en famille ou entre amis. Le cérémonial est partout le même : discours, prières et dégustations de whisky se suivent jusqu'à l'entrée en scène du héros de la soirée, le haggis.

Robert Burns et le haggis sont intimement liés depuis que celui-ci écrivit le poème Address To A Haggis en 1786.

Voici le texte original :

Fair fa' your honest sonsie face,
Great chieftain o' the puddin'-race!
Aboon them a' ye tak your place,
Painch, tripe, or thairm:
Weel are ye wordy o' a grace
As lang's my arm.

The groaning trencher there ye fill,            
Your hurdies like a distant hill;
Your pin wad help to mend a mill 
In time o' need;
While thro' your pores the dews distil
Like amber bead.

His knife see rustic Labour dight,
An' cut ye up wi' ready sleight,
Trenching your gushing entrails bright 
Like ony ditch;
And then, O what a glorious sight,
Warm-reekin', rich!

Then, horn for horn they stretch an' strive,
De'il tak the hindmost ! on they drive,
Till a' their weel-swall'd kytes believe
Are bent like drums;
Then auld guidman, maist like to rive, 
'Bethankit' hums.

Is there that o'er his French ragout,
Or olio that wad stow a sow,
Or fricasse wad mak her spew
Wi' perfect sconner,
Looks down wi' sneering scornfu' view
On sic a dinner?

Poor devil! see him owre his trash,
As feckless as a wither'd rash,
His spindle shank a guid whip lash,
His nieve a nit:
Thro' bloody flood or field to dash,
O how unfit!

But mark the rustic, haggis-fed,
The trembling earth resounds his tread!
Clap in his wallie nieve a blade,
He'll mak it whissle;
An' legs, an' arms, an' heads will sned,
Like taps o' thrissle.

Ye Pow'rs, wha mak mankind your care,
And dish them out their bill o' fare,
Auld Scotland wants nae skinking ware
That jaups in luggies;
But, if ye wish her gratefu' prayer,
Gie her a Haggis!

Et la traduction en français par Roger Dachez :

Salut à toi, mon brave, mon cher,
Chef suprême du clan des puddings !
Au-dessus d'eux prends ta place,
Boyaux, tripes, andouilles :
Tu mérites bien une prière
Aussi longue que mon bras. 
 
Tu remplis le plateau sous ton poids,
Telle une colline tes flancs s'étirent,
Ta broche ferait le mât d'un moulin
S'il le fallait ;
Tandis que de tes pores transpirent
Des perles ambrées.

Le rude paysan essuie sa lame,
Et te tranche d'un coup de main habile,
Taillant dans tes entrailles luisantes qui dégoulinent,
Comme dans une tranchée ;
Puis, oh ! Quel spectacle somptueux !
Quel riche et chaud fumet !

Puis, à coups de cuillères ils te vident avec ardeur ;
Le Diable emporte le plus timide, ils y vont tous,
Jusqu'à ce que leurs ventres rebondis
soient gonflés comme des barriques ;
Et que le maître de maison, prêt à roter,
Souffle l’action de grâce

Y en a-t-il un, penché sur son ragoût français,
Ou sur un de ces plats huileux à écœurer une truie,
Ou sur une de ces fricassées qu’elle vomit
Avec dégoût,
Qui ose contempler avec mépris, le nez levé,
Un tel dîner ?

Pauvre Diable ! Regardez-le d'ailleurs, face à ces plats puants,
Mou comme un roseau flétri,
Avec des mollets maigres comme cordes à violon,
Des poings gros comme des noisettes,
Pour un bon combat sanglant sur la terre ou la mer,
Si peu doué !

Mais vise notre gars plein de haggis,
La terre tremble sous ses pas !
Mets-lui des lames au bout des bras,
Et il les fera siffler ;
Faisant voler jambes, bras, têtes
Comme autant de fleurs de chardon !

Et Vous, Puissances qui veillez sur l'homme,
Et qui régentez son manger,
La Vieille Ecosse ne veut pas de ces pitances liquides
Qui clapotent dans une soupière ;
Mais si vous voulez ses prières reconnaissantes,
Donnez-lui un haggis !