dimanche 24 novembre 2019

Renaissance Traditionnelle : prix littéraire de la Maçonnerie française

Au seuil de son demi-siècle, la revue Renaissance Traditionnelle, fondée en 1970, s'est vu distinguer par le Salon du Livre Maçonnique de Paris 2019.

Le jury lui a remis le "Prix littéraire de la Maçonnerie française" dans la catégorie "Revue".

Avant de déguster le champagne, une partie du comité de rédaction, plastronne avec le trophée !

Un bon début pour fêter un cinquantième anniversaire.

PS : suivez la revue sur sa page Facebook @revue.rt !


dimanche 17 novembre 2019

Para théurgie dans le RER

Lors de la Tenue du 27 juin 2019 de la Loge L'Equerre La Tradition Rectifiée n° 4, Roger Dachez a proposé une réflexion autour de la para théurgie dans le Rite Ecossais Rectifié, à travers la question suivante : en quoi les rituels des grades symboliques de ce rite sont-ils martinésistes ?

Voici un extrait :
"Voilà une question polémique aujourd’hui au sein du régime écossais rectifié caractérisée par 2 positions extrêmes : il y a ceux qui estiment que la pratique théurgique martinésiste fait partie intégrante du régime qui culmine alors dans l’Ordre des Elus Coëns, et il y a ceux qui rejettent purement et simplement le martinésisme comme charlatanesque et dangereux. Mais entre ces 2 choix, une position raisonnable et réfléchie, qui consisterait à ne pas ignorer la doctrine de Martinès sans pour autant tomber dans une pratique théurgique débridée, n’est-elle pas possible ? 
Dès la mort de Martinès de Pasqually en 1774 la question s’est posée du devenir de son œuvre. Ses premiers disciples ont tenté de l’expliquer comme en témoignent Les Leçons de Lyon aux Elus Coëns (éditées par Robert Amadou, chez Dervy en 1999) qui se tinrent jusqu’en 1776. Travail difficile mais quoiqu’il en soit de leurs efforts, c’est le Régime écossais rectifié qui naîtra à Lyon précisément en 1778 tandis l’Ordre des Elus Coëns cessera toute activité en 1780. On notera que les tentatives de réveil de cet ordre qui ont lieu au XXe siècle, dont celle de Robert Amadou, n’ont guère donné de bons fruits. Au convent de Lyon de 1778, donc, moment fondateur du rite écossais rectifié il est décidé de conserver –même de manière allusive-  la doctrine de Martinès qui va irriguer et donner son sens aux 4 grades symboliques de la Maçonnerie rectifiée et d’abandonner toutes les opérations théurgiques pratiques. 
Ainsi la Maçonnerie symbolique rectifiée a bel et bien une structure martinésiste qui donne une signification propre aux symboles et, en ce sens, le rite écossais rectifié est martinésiste. 
L’histoire des rituels rectifiés en cette fin de XVIIIe siècle le montre également. 
Lorsque les rituels de la Stricte Observance –que l’on pourrait qualifier de proto rectifiés- traduits en français par Abraham Bénard arrivent à Lyon en 1774 ils ne doivent rien, évidemment, à la pensée de Martinès. 
En revanche ceux de 1778 élaborés à Lyon doivent beaucoup au thaumaturge et, même si son influence n’est pas apparente –ostensible, comme on dit alors- sa doctrine donne une signification cohérente et homogène au nouveau rite écossais rectifié, notamment par l’idée d’histoire secrète de l’initiation telle qu’elle sera développée dans l’instruction aux Grands Profès. 
Ce sont ces rituels qui sont adoptés à Wilhelmsbad en 1782. 
Cependant la « victoire » de Willermoz à ce convent fut une victoire à la Pyrrhus puisque la réforme de Lyon ne sera pas adoptée en Allemagne. Le mystique Lyonnais se sent alors libre des engagements pris au convent et donne alors aux rituels rectifiés une marque plus explicite. Il procède à ce que l’on nomme « la dernière révision » dans les années 1786-1788, révision au cours de laquelle il injecte, clairement cette fois, des notions martinésistes dans les rituels : feu, terre et eau lors de la réception au 1er grade, les métaux au 2e grade, autant d’éléments issus de la physique martinésiste, le tout appuyé sur un appel explicite à l’intervention directe de la divinité lors des prières (« Bénis et dirige-toi-même les travaux de l’Ordre »). Ce n’est pas de la théurgie au sens strict mais une sorte de para théurgie. 
..."
 La suite sur le site de la Loge.

dimanche 3 novembre 2019

Renaissance Traditionnelle 194 : 1732, le plus ancien document maçonnique français

Le nouveau numéro 194 de la revue Renaissance Traditionnelle est disponible. En voici la présentation par son rédacteur en chef, Pierre Mollier :
Ce numéro 194 de Renaissance Traditionnelle est à l’image de notre revue : il offre une vaste perspective ! Il s’ouvre en effet sur la découverte de ce qui apparaît maintenant comme le plus ancien document maçonnique français connu. Il se conclut par une présentation stimulante des potentialités des humanités numériques pour la recherche maçonnique. 
De longue date L’Anglaise de Bordeaux était considérée comme l’une des premières Loges françaises. Les historiens maçonniques de l’entre-deux-guerres faisaient état de documents – disparus depuis – attestant de sa création le 27 avril 1732. Notre revue avait publié (RT 131-132, p. 174-196) une copie d’extraits des ses livres d’architecture – trouvée dans les « Archives Russes » du Grand Orient de France – réalisée en 1813. Ce recueil commençait par le procès-verbal de la tenue du dimanche 27 avril 1732. Lors d’une mission à Minsk pour étudier le reliquat des « Archives Russes » resté coincé en Biélorussie, Pierre-Yves Beaurepaire y a découvert le premier livre d’architecture de L’Anglaise, un témoignage bien sûr exceptionnel sur les débuts de la Maçonnerie française. Il en prépare une édition critique mais, en attendant, Louis Trébuchet nous présente cette pièce passionnante. Il s’agit maintenant du plus ancien document maçonnique français connu puisqu’il précède de trois ans les « Devoirs enjoints aux Maçons libres » de 1735 et de cinq ans le livre d’architecture de la Loge parisienne Coustos-Villeroy de 1737. D’emblée sa lecture apporte des informations d’un grand intérêt. Ainsi on peut y constater la pratique du grade de Maître dès 1732 ! On sait que celui-ci n’est apparu en Angleterre que quelques années auparavant, vers 1725, et semble avoir mis un certain temps à être adopté par les Loges britanniques. Cette pratique si précoce du troisième grade s’expliquerait-elle par le fait que ces « Anglais » étaient en fait des Irlandais ?  
Reinhard Markner a retrouvé les preuves de l’initiation de Cagliostro et essaye de mieux cerner les circonstances de sa réception et le milieu maçonnique où « le Grand Cophte » a fait son apprentissage en Loge. Notre classique « séquence RER » propose d’abord une belle étude du professeur Katsumi Fukaswa sur La Triple Union de Marseille et les tensions qui l’ont divisée, notamment sur de vrais enjeux philosophiques et spirituels. Roger Dachez nous invite ensuite à découvrir la version xviiie siècle du Maître Écossais du Régime Rectifié. Il faut en faire une double lecture. On peut d’abord s’attacher à le resituer dans la généalogie des rituels du RER et y chercher les éléments de la doctrine propre au régime que le grade transmet. Mais on peut aussi l’inscrire dans le prolongement des différentes études que nous avons récemment publiées sur les grades de Maîtres Écossais entre 1740 et 1760 et voir, dans celui du RER, une version de ce quatrième grade qui apparaît et prend une place si importante à partir de 1740. Enfin, poursuivant ses travaux si féconds sur le « fichier Bossu », Thomas de la Sore nous montre combien les nouvelles technologies de l’information peuvent se révéler utiles pour exploiter les riches archives maçonniques du xviiie siècle. 
Voilà un beau numéro… qui incitera, nous l’espérons, les derniers retardataires à se réabonner pour 2019 !

Ce numéro peut être commandé en ligne au prix de 15 €.