dimanche 27 mai 2018

Renaissance Traditionnelle n° 189

Le numéro 189 de la revue Renaissance Traditionnelle vient de paraître ! Voici l'avant-propos du rédacteur en chef, Pierre Mollier :
Ce numéro 189 de Renaissance Traditionnelle, qui inaugure 2018, est entièrement consacré à l'atmosphère intellectuelle dans laquelle ont baigné les premières années de la franc-maçonnerie.
Bernard Homery nous présente d'abord une des découvertes récentes de l'érudition maçonnique d'outre-Manche exposée, notamment, dans le beau livre de Robert Collis The Petrine Instauration, Religion, Esotericism and Science at the Court of Peter the Great, 1689-1725. Fort loin des îles britanniques, en Russie, dès 1715 – et donc bien avant l'arrivée « officielle » de la franc-maçonnerie spéculative sur le continent – il existe un témoignage avec une référence explicite au « Mot du Maçon ». Il s'agit certes d'une correspondance entre Écossais, mais c'est tout de même un fait notable. Il y aurait d'ailleurs un dossier à constituer sur la présence de Maçons dans les différents pays d'Europe continentale – France, Allemagne, Russie... – avant même l'implantation de la franc-maçonnerie. Peut-être certains d'entre eux furent-ils amenés à évoquer l'Ordre à l'occasion de telle ou telle conversation ? L'un des premiers de la liste serait l'illustre Robert Moray. Mais Bernard Homery nous restitue surtout le paysage intellectuel dans lequel s'inscrit l'auteur de cette référence au « Mot du Maçon » et – comme Moray, comme Ashmole – il apparaît que Robert Erskine cultive un grand intérêt pour l'hermétisme.
« Encore Ramsay ! » Il ne faut cesser d'interroger le Discours fondateur de notre cher Écossais. Aymeric Le Delliou nous retrace d'abord l'itinéraire intellectuel et spirituel du Chevalier. Il nous montre combien nombre de ses idées peuvent être reliées aux débats théologiques de son époque, à la grande affaire du quiétisme et à son compagnonnage avec Fénelon et Madame Guyon. Même si, par la suite, Ramsay développera une pensée plus personnelle... et parfois singulière au regard des conceptions classiques du christianisme. D'un certain point de vue, Les Voyages de Cyrus sont incontestablement un roman d'initiation. De là à y voir un conte maçonnique... il n'y a que trois petits pas qu'il est risqué de franchir. Néanmoins, l'homme est un, et il est légitime d'envisager que les idées développées dans le roman en 1727, aient pu, quelques années plus tard, se retrouver, sous une autre forme, dans le Discours de 1736. C'est pourquoi Samuel Macaigne nous propose une féconde analyse de ce qui fut un des best-sellers du Siècle des Lumières. On sait que le témoignage le plus curieux sur Ramsay, et le plus intéressant quant à ses liens avec la franc-maçonnerie, est celui de Geusau, intellectuel allemand en voyage à Paris au début des années 1740. Reinhard Markner nous rappelle l'histoire du Journal de Geusau et, revenant au manuscrit lui-même, nous procure une édition de cet important témoignage au plus près du texte original. Enfin, prenant prétexte du séjour parisien de Geusau et de son élève, Paul Paoloni nous présente ce Paris de la première moitié du XVIIIe siècle, qui vit s'épanouir la franc-maçonnerie, tel que décrit par un des grands guides utilisés par les voyageurs « de condition», et justement rédigé par un autre intellectuel allemand – Joachim Christoph Nemeitz - de la même trempe que Geusau.
Le premier numéro d'une année est aussi l'occasion de rappeler que Renaissance Traditionnelle ne vit que du soutien – fidèle ! – de ses lecteurs... et une invitation – chers amis – à renouveler votre abonnement.
Portrait – imaginaire – de Ramsay. On présente souvent cette estampe comme un portrait de Ramsay. En réalité on ne connaît aucune image le représentant. L’autre portrait qui lui est parfois attribué est en fait celui de son homonyme, le poète Allan Ramsay. Quant à cette image, associée à Ramsay pour la première fois en 1921 par Arthur Waite dans son New Encyclopaedia of Freemasonry, elle est tout simplement inspirée de la planche qui illustre l’ordre de Saint-Lazare dans le traité sur les ordres de chevalerie du père Hélyot (1721).

Et pour en savoir plus, quelques extraits gratuits :

dimanche 20 mai 2018

La Très Sainte Trinosophie

"Ce livre dont un exemplaire est conservé à Troyes (Aube) a une origine mystérieuse. Qui en est l’auteur ? On a pu en attribuer la paternité à Cagliostro, à un mystérieux Philochate (un auteur collectif ?), ou au comte de Saint-Germain comme le pense Paul Chacornac in Le comte de Saint-Germain (1947). Quoiqu’il en soit de ces théories hasardeuses cet ouvrage daterait de la première moitié du XVIIIe siècle. Il a été publié plusieurs fois, sous l’Empire, en 1893, dans les années 1930 et, enfin, en 1971 sous la direction de René Alleau."
Ainsi commençait la conférence de Samuel Macaigne, Vénérable Maître de la Loge d'Etudes et de Recherches, Court de Gébelin lettre β, sur le thème : "La très Sainte Trinosophie, ouvrage attribué au Comte de Saint-Germain".
"Ce livre est une tentative d’explication des légendes de la philosophie antique par le biais de l’alchimie. Le XVIIIe siècle est le siècle où l’alchimie, jusqu’alors profondément ancrée dans la tradition chrétienne, se paganise. Le thème alchimique pénètre la Franc-maçonnerie en même temps que la vogue pour une Egypte rêvée, manière de dépasser le christianisme. 
[...]"
Suivirent de nombreux échanges :
"Le fait que l’on attribue cet ouvrage au comte de Saint-Germain souligne la force de l’image qu’il a pu donner et laisser. 
Quant à l’histoire de l’alchimie on note qu’aux XVIe et XVIIe siècles les textes alchimiques sont originaux, vivants, littéraires  et chrétiens. 
Au XVIIIe le souffle poétique s’épuise et La Très Sainte Trinosophie est un texte de fin de génération dont la particularité est de s’affranchir du christianisme. 
Le XIXe siècle n’apporte rien de bien signifiant si ce n’est que le vocabulaire alchimique fait une entrée en force dans la Franc-maçonnerie. L’alchimie –que les rédacteurs de rituels ne connaissent pas- n’est plus qu’un prétexte pour éviter toute référence religieuse et pour appuyer sur un fondement autre que chrétien, l’idéal spirituel transcendant inhérent à la Franc-maçonnerie. 
C’est le XXe siècle qui relance la réflexion sur l’alchimie avec C. G. Jung. On met alors en valeur cette littérature poétique et cette tradition iconographique extraordinaire. Cette imagerie qui fait la fortune de la littérature alchimique et dans laquelle on se projette, invite à une interrogation fondamentale sur la condition humaine. On restitue la  signification chrétienne de l’alchimie en même temps qu’on la présente comme une expérience mystique. Le Cercle d’Eranos illustre ce mouvement nouveau d’étude de l’alchimie par le monde universitaire."
Le compte-rendu complet est disponible en ligne sur le site de la Loge.

mardi 8 mai 2018

Sagesse, Force et Beauté

Le 3 mars 2018, Roger Dachez, Passé-Maître immédiat de la Loge "La Rose et le Chardon n° 1" des LNFU, a présenté un travail sur l'anatomie historique d’un ternaire méconnu, à savoir « Sagesse, Force et Beauté ».

En voici quelques extraits :
Il est d’abord rappelé qu’il s’agit d’un des fondamentaux de la symbolique maçonnique, qui a été recouvert au XX° siècle d’un discours délirant. 
Ce ternaire a souvent une origine inconnue des Francs-maçons et l’imagination suppléant à la mémoire, on se réfugie sans modération vers des origines complexes et compliquées, par exemple une origine avec l’arbre des Sephirot de la kabbale. 
En fait l’origine de ce symbole est typiquement maçonnique comme l’a mis en évidence René DÉSAGULIERS dans son ouvrage Les Trois grands piliers de la Franc-maçonnerie (Véga, 3e éd. 2011). Ce ternaire apparaît en 1730 avec les divulgations de PRICHARD et dans le manuscrit Wilkinson daté de 1727. La maçonnerie spéculative a repris à son compte des textes de la tradition opérative des « Old charges ». Quand on se confronte aux textes les plus anciens (Regius et Cooke) puis par la suite les 130 déclinaisons connues, la trame est la même : ces anciens devoirs reprennent en première partie une histoire mythique et conjuguent dans leur seconde partie les devoirs moraux et professionnels. Ces lectures successives ont été produites aux XVIe et XVIIe siècles et ensuite utilisées par des maçons qui n’étaient plus opératifs. 
Il existe une constante, c’est l’invocation préalable « par la Force du père, la Sagesse du Fils, la Beauté du Saint-Esprit ». L’invocation est trinitaire et elle fait référence à la Trinité chrétienne. 
La suite sur le site de la Loge...