samedi 2 février 2019

Epreuves symboliques au Rite Moderne Français Traditionnel

Suite à la nouvelle révision (2017/2018) du Rite Moderne Français Traditionnel des LNFU, la Loge Jean-Théophile Désaguliers n°1 a lancé un cycle de lecture commentée du rituel d'initiation au premier grade. Les comptes-rendus de ses trois dernières Tenues viennent d'être publiés : 16 octobre, 20 novembre, 18 décembre 2018.

A titre d'exemple, voici un extrait du rituel avec les commentaires associés :
"Monsieur, le moment approche où les épreuves symboliques de votre initiation vont prendre fin. Nous vous avons fait apercevoir les trois niveaux de la vie humaine : le chaos de la vie grossière, les luttes pour la recherche du bien et de la vérité, le stade supérieur, enfin, de la connaissance de soi et de la compréhension​ ​d'autrui.
Il nous reste cependant à vous communiquer l'enseignement le plus important, qui est : qu'aucun de nous n'atteindra jamais la perfection et que, sur le chemin où vous vous engagez ce soir, vous connaîtrez, comme nous les avons connues, de nombreuses et​ ​cruelles​ ​déceptions."
Et voici les commentaires :
Le candidat vient de faire les 3 voyages et a subi les 2 épreuves de l’eau et du feu dont la signification évangélique (et non alchimique) et a été mise en valeur précédemment. Il va bientôt prêter son obligation mais auparavant une dernière épreuve l’attend, celle de la coupe d’amertume. La note 34 donne les sources documentaires de cette séquence symbolique. On apprend ainsi que cette épreuve est d’apparition tardive (relativement au XVIIIe siècle) dans les rituels maçonniques et illustre un phénomène souvent observé dans l’élaboration des textes à cette époque. Son origine est à rechercher dans les « hauts grades » et plus précisément dans l’Ecossais trinitaire de Pirlet (années 1760-1770). Ce grade chrétien associe les épreuves de l’eau au 1er voyage, du feu au 2e et du sang au 3e et leurs significations ne fait guère de doute. Cette épreuve subsiste dans le Rite Ecossais Rectifié. Il n’en reste pas moins que son aspect un peu grandiloquent posa problème et ceci fut accentué encore au XIXe siècle, ce qui ne fut pas toujours du meilleur goût. Si la signification originale chrétienne de l’épreuve du sang est transparente (dans notre rituel on peut la voir 1° comme un passage obligé avant le serment -qui va faire du candidat un Maçon- 2° comme la préfiguration symbolique du châtiment auquel il consent en cas de parjure), on peut y ajouter des significations néo-païennes : le nectar décrit dans L’Illiade ; le fleuve Léthé qui procure l’oubli si l’on boit de son eau (et on voit alors cette épreuve comme l’effacement de sa vie antérieure, physique, avant de s’ouvrir à une nouvelle vie, spirituelle). C’est, en effet à la fin du XVIIIe siècle, que l’on introduit dans les rituels des références aux mystères antiques qui remplacent peu à peu les idées chrétiennes, avant d’être supplantées à leur tour par un fatras d’alchimie de pacotille.
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