samedi 31 mars 2018

La Rose et le Chardon

La Loge La Rose et le Chardon n° 1 de la LNMF vient de créer son site pour y publier ses travaux.

Lors de la consécration de la Loge, le samedi 26 octobre 2013, son Vénérable Maître, Roger Dachez, avait présenté un exposé intitulé "la Franc-maçonnerie : une approche historique et spirituelle", traçant en quelque sorte l'esprit et le plan de travail de la Loge, dont voici une synthèse :
"Il est rappelé en introduction que les Anglais avaient une approche morale de la Franc-maçonnerie alors que cette approche était plutôt d’ordre philosophique en France. 
Il est vrai que la Grande loge Unie d’Angleterre a récemment affirmé (2011) que le but de la Franc-maçonnerie n’était pas une recherche spirituelle, mais de faire de bons citoyens. Cependant les Anglais sont respectueux des formes dans lesquelles leur maçonnerie est figée depuis deux siècles. Ils n’entendent pas le sentiment religieux avec l’approche dogmatique courante chez les Français, qui manquent de culture religieuse. Ces derniers ont une relation compliquée avec le sentiment religieux, contrairement aux Anglais.
Sur un autre plan, les Français ont une liberté d’interprétation – inconnue chez les Anglais – et espèrent que la maçonnerie pourra les conduire sur des voies autres que philosophiques et religieuses, les voies « initiatiques »... ce qui risque de conduire ces derniers à un « délire doux et tranquille » d’interprétation exacerbée des symboles, sans tenir compte des intentions initiales ; il est bien clair que la Franc-Maçonnerie n’est, ni un substitut de religion, ni un délire théosophique... On doit rechercher la Franc-Maçonnerie dans les sources originelles, en les confrontant à nos expériences quotidiennes d’aujourd’hui, ce qui en fait donc une « never ending story ». 
Notre travail nous conduira donc à reprendre – en les commentant – les fondamentaux de la Franc-maçonnerie anglaise qui se trouvent dans les Instructions aux trois grades et dans les Discours après les réceptions, ou les explications des Tableaux, il s’agit d’une « masse incroyable » de documents. La répétition finit par produire du sens au fond de nous-mêmes...
Il ne s’agit donc pas de travaux savants, mais de lire et interpréter les documents disponibles, pour que l’effet instructif se produise, mais à condition de nous engager à préparer les textes avant : c’est l’approche « historique et spirituelle »...
L’exécution exacte du rituel est aussi une discipline en soi."

samedi 24 mars 2018

Instruction morale rectifiée

Lors de ses quatre dernières Tenues, la Loge L'Equerre - la Tradition Rectifiée n° 4 de la LNF a commenté l'Instruction morale du 1er grade du Rite Ecossais Rectifié, délivrée à tout nouvel Apprenti.
Il est important de revenir sur ce texte et d'en étudier les origines, d'en souligner la grille de lecture propre au Rectifié, et finalement d'en donner un sens pour les Maçons d'aujourd'hui.

Voici un extrait de l'Instruction morale :
“Vous avez été conduit par trois pas d'équerre à l'Orient, et là, après avoir été interpellé trois fois de déclarer si c'était bien par un pur et libre effet de votre volonté que vous demandiez à être reçu, le genou droit sur l'Equerre et la pointe du Compas sur le coeur, vous avez solennellement pris à témoin le Grand Architecte de l'Univers de vos engagements.”
Suivent quelques commentaires de la Loge :
"Poser cette question à trois reprises est un archaïsme de la maçonnerie française.
Le plus ancien rituel français connu, Hérault 1737, a déjà cette triple interprétation : “avez-vous la vocation ?” On n’a pas besoin de la Franc-maçonnerie pour accomplir un parcours spirituel et moral. On peut donc s’en passer. En revanche, pour y rentrer il faut le vouloir mais également le désirer. Ce libre appel qu’on se lance à soi-même est déterminant. L’essentiel, c’est de ressentir un jour (même après) que l’on est appelé. On n’est pas un pantin dans la Franc-maçonnerie. Il ne s’agit pas d’une révélation au moment où le bandeau tombe ; ce n’est pas de la magie. C’est un parcours progressif. Il faut avoir de la patience pour construire ce chemin.
Ce sur quoi le candidat prête serment - les yeux bandés - est l’évangile de St Jean. Depuis plus de 35 ans de maçonnerie, notre Vénérable Maître a constaté que les candidats semblent confiants quand on leur demande si leur main est bien sur l’Evangile… Il faut qu’ils le sachent et qu’ils en soient sûrs.
Il y a une différence entre le RER et le rite Anglais style Emulation. Dans ce dernier cas, on prête serment sur les 3 grandes lumières. Au RER, le compas et l’équerre sont présents, et donc les 3 grandes lumières, mais avec un agencement différent :
  • Compas contre le coeur
  • Genou dans l’Equerre
  • Main sur l’Evangile 
Cela a d’ailleurs posé problème avec les principes de base de reconnaissance de la GLUA : les 3 grandes lumières doivent être exposées à la vue du candidat. On a même vu dans certaines Loges rectifiées, par inculture maçonnique, l’ajout des 3 grandes lumières. Mais on peut dire que tous les rites reçoivent les candidats sur les 3 grandes lumières. Il s’agit d’un symbolisme universel : entre l’équerre (terre) et le compas (ciel), on trouve le livre (parole divine). 
Quelques échanges suivent :
  • Le principal objet de la maçonnerie est l’instruction maçonnique. Dans les textes rectifiés, il y a toujours une explication maçonnique classique et une autre qui renvoie à des clés de compréhension spécifiques et liées à 2 auteurs : Martinez de Pasqually et Louis-Claude de Saint-Martin. Témoin constant du RER, Saint Martin a une pensée commune à ceux qui ont façonné ce rite. 
  • La thématique du guide est très importante dans la pensée chrétienne en général, mais dans un rituel, il s’agit d’action et de rendre concret un état. Dans la vie courante, nous pouvons apparaître comme « errant ». Nous ne prenons guère le temps de nous arrêter et de nous interroger sur cette « errance ». La spécificité maçonnique, c’est de pouvoir s’y interroger. Le candidat, les yeux bandés, qui marche seul, livré à lui-même, figure, par le geste, la destinée humaine « errante » mais qui use de sa volonté à la recherche d’un guide. Il s’agit alors de rechercher à être en conformité avec les plans de la Providence.
  • La fonction de l’épée : c’est un caractère intemporel de la Franc-maçonnerie car on n’en utilise plus dans la société d’aujourd’hui. L’épée était un signe de la noblesse. Or les textes rectifiés de l’Ordre Intérieur parle de noblesse de naissance et de noblesse de mérite, précisant que la noblesse de naissance ne dispensera pas de la noblesse de mérite. L’épée est le symbole de l’honneur et de la force de la foi. Celui qui est noble met son honneur dans la cause de la foi."
L'ensemble des commentaires de l'Instruction morale du 1er grade du R.E.R. sont disponibles en ligne :

samedi 17 mars 2018

Actualités de Liber Latomorum

Lors de sa Tenue du 1er mars 2018, la Loge Liber Latomorum lettre γ de la LNMF a présenté les ouvrages suivants :


Ci-dessous un aperçu des deux comptes-rendus.

L'École secrète de sagesse, rituels et doctrines authentiques des Illuminés

"Curieuse histoire que celle des Illuminés dits de Bavière. Fondée en 1776 par Adam Weishaupt, cette société atteint son apogée en 1783. Apogée bien modeste, il est vrai, puisqu’elle ne regroupera jamais plus de quelques centaines de membres en Allemagne. Ce qui n’empêchera pas de donner naissance à toutes sortes de thèses conspirationnistes dès la fin du XVIIIe siècle avec Augustin Barruel, J. Robison en Angleterre (Proofs of a Conspiracy) et jusqu’à nos jours.
Si le but de cette société secrète non maçonnique est simple, celui de travailler au bonheur de l’humanité et s’oppose aux éléments conservateurs de la société, notamment les Rose-Croix d’Or d’Ancien Système, les Jésuites, etc., son organisation est complexe et hiérarchisée. C’est Adolf von Knigge, au début des années 1780, qui la met au point, remanie les rituels et lui donne un essor relatif. Bode, quant à lui, essayera d’imposer les vues de la société, notamment dans son combat contre les Jésuites, au convent de Wilhelmsbad en 1782, sans y parvenir. Weishaupt lui-même est très marqué par les Jésuites.
Si pour entrer dans la société, il faut être chrétien, l’enseignement est assez éclectique et les candidats doivent tenir une sorte de journal intime qui est remis aux Supérieurs de l’Ordre.
Dans la première classe, qui est la pépinière de la société, le candidat découvre 4 grades dont celui de Minerval (qui trouve sa source chez les « Architectes Africains ») prônant la pratique de la contemplation nocturne dans le silence en s’appuyant sur divers livres de sagesse et pas seulement chrétiens. Ce faisant, il apprend à connaître l’homme dans la perspective de le conduire au bien.
Dans la seconde classe (« Franc-maçonnerie »), on trouve des grades « écossais » qui témoignent d’une influence maçonnique voulue par Knigge. Lui-même était franc-maçon et pensait que la Franc-maçonnerie pourrait être une sorte de propédeutique à l’entrée chez les Illuminés.
Au sommet du système, dans la troisième classe, les « Mystères » sont enfin connus. On découvre le « vrai » christianisme, le « vrai » message du Christ qui ramènera l’humanité à sa vérité originelle.
Ainsi les Illuminés développent une sorte de philosophie de l’histoire, une discipline de l’arcane, réservée à une élite : il aurait toujours existé des écoles secrètes de sagesse dans lesquelles se serait conservée la sagesse originelle, la haute sagesse. La Franc-maçonnerie, elle-même, serait l’héritière, peut-être sans le savoir, de cette sagesse du Christ.
Ils préconisent aussi une méthode d’action dans le monde. Les Illuminés, le bons –dans le secret qui les protégera des persécutions du mal- doivent inciter les humains, qui sont plutôt malléables, au bien et jusqu’à la création d’un gouvernement mondial qui ferait triompher le bien sur le mal comme l’a voulu le Christ.
Mais bientôt Weishaupt et Knigge se brouillent. Les derniers rituels ne sont pas rédigés. En 1785, les Illuminés sont dénigrés, notamment par les philosophes rationalistes, et si Weishaupt essaye, un temps, de justifier son entreprise, il abandonne bientôt la partie. La légende est alors en marche.
[..]"

La suite sur le site de la Loge...

The Masonic Magician : The Life and Death of Count Cagliostro and His Egyptian Rite

"[..]
La Maçonnerie de Cagliostro, qui voulait s’intégrer dans la Maçonnerie de son temps, se présente comme un système de Hauts grades « égyptiens » (non au sens de l’Egypte antique que nous connaissons aujourd’hui), déchristianisé (mais non au sens antichrétien d’aujourd’hui) c’est-à-dire se référant au Dieu unique hébraïque, commun aux 3 religions du Livre. Elle recherche non une transformation « initiatique » de ses membres mais une communication avec le monde des anges par le biais de médiums.
Les auteurs s’interrogent enfin sur les raisons du relatif succès d’une telle Maçonnerie. Ils pensent trouver une explication dans le climat religieux intolérant du continent qui, contrairement au climat religieux tolérant britannique, favoriserait une réaction contre lui en suscitant un intérêt particulier pour les sociétés plus ou moins secrètes."
L'intégralité du compte-rendu sur le site de la Loge...

samedi 10 mars 2018

Affiliation à la LNF

A l'occasion de l'Affiliation d'un Frère à la Loge L'Equerre - La Tradition Rectifiée n° 4, le Vénérable Maître est revenu sur les principes et les raisons d'une telle pratique au sein de la LNF.

Pourquoi une telle cérémonie ?

Depuis sa fondation, la LNF pratique 3 rites, où il arrive assez souvent que des Frères appartiennent à deux ou trois Loges et Rites différents. Nous avons l’habitude lorsque l’un d’entre eux s’affilie à une Loge d’un nouveau rite, de lui faire prêter l’obligation du grade d’Apprenti de ce rite.

C'est le serment qui fait le Maçon !

Sur un plan strictement traditionnel, ce qui fait le maçon, c’est le serment qu’il prête. D’ailleurs, dans le cas d’une interruption de la cérémonie, on considérerait que c’est après le serment qu’il fait vraiment partie de cette famille spirituelle des Maçons. Dans notre Loge, l’instruction morale n’est pas lue le soir même de l’initiation, mais pour autant, ce n’est pas un demi-Apprenti - parce qu’il a prêté l’obligation. Le serment est un acte d’une nature particulière, pas toujours considéré aujourd’hui à sa juste valeur. Il est performatif comme pour le serment de l’ordre des médecins ou des avocats. Le serment englobe des éléments explicites et implicites. Ce qui est le plus important, c’est l’engagement personnel, une sorte de vocation.

Souligner la spécificité du Rectifié

Sur un plan plus technique, tous les serments n’ont pas exactement la même teneur. Dans le cas du RER, il s’agit de rappeler la spécificité de ce régime.
La génération qui a connu les fondateurs va progressivement passer la main, et donc passer également la mémoire (cf. la grande célébration des 50 ans de la LNF, le 9 juin).
En 1968, il y avait peu d’Obédiences, largement dominé par GODF, pratiquant une maçonnerie qualifiée de “voie substituée” par Jean Baylot.
La volonté de la LNF était - entre autres - de rétablir le Rectifié dans ses textes d’origine, qui avaient largement été caviardés en Suisse au XIXe siècle, notamment par la suppression de la mention d’être fidèle à la Sainte religion chrétienne.

Source : site de la Loge

samedi 3 mars 2018

Les honneurs dans la Maçonnerie anglaise

"Il est important de se souvenir qu'aux yeux des maçons anglais, le système des honneurs n'est pas un ensemble de dignités superficielles et dérisoires, comme nous aurions tendance à le voir en France. Il est avant tout la reconnaissance pour des milliers de frères de leur long et sincère engagement dans la franc-maçonnerie."
Telle fut la conclusion du travail intitulé "la Loge des Grands Stewards et le système des honneurs dans la tradition maçonnique anglaise : regard d'un maçon français", présenté dans la Loge Elizabeth St Leger lettre Ɑ de la LNMF.
Roger Dachez nous a invités à changer notre "regard continental porté sur la maçonnerie anglaise [..] souvent ironique, amusé, car on la réduit très volontiers à une maçonnerie de decorum et d'honneurs." 
Ce travail de conversion du regard peut se faire grâce à une approche historique :
"Le bleu des décors anglais
Quel est ce bleu qui orne les décors anglais ? Pourquoi le choix de la couleur bleue et de quel bleu s'agit-il ? Y aurait-il, comme on le suggère trop souvent en France, un symbolisme profond lié à cette couleur ? La réponse est non.
Tout s'explique par l'histoire et la culture anglaises. D'un côté, il y a le "light blue"  (le bleu pâle de l'Ordre de la Jarretière), celui des Stuart, et de l'autre, le Garter blue (Ordre de la Jarretière d'un bleu plus foncé), celui des Hanovre. Car à cette époque, il y a deux dynasties rivales qui se distinguent de leurs deux Ordres de la Jarretière.
L'un (le light blue) sera finalement celui des Loges dites « bleues » (trois premiers grades), l'autre, le Garter Blue, celui des dignités des Grands Officiers.
En France, en 1744, dans les premières divulgations maçonniques Le secret des francs-maçons, il est stipulé  que : « les Officiers portent en Loge des colliers taillés en triangle, d'un bleu de l'Ordre du Saint Esprit », ordre suprême français à cette époque, également bleu clair, mais d'un ton différent de celui de la Jarretière.
La Grande Loge d’Écosse choisira le vert, parce que c'est la couleur de l'ordre suprême en Écosse, celui du Chardon.
Donc la couleur choisie est toujours celle de la marque de dignité la plus haute de l'Ordre de Chevalerie du pays."
La suite sur le site de la Loge...