dimanche 20 mai 2018

La Très Sainte Trinosophie

"Ce livre dont un exemplaire est conservé à Troyes (Aube) a une origine mystérieuse. Qui en est l’auteur ? On a pu en attribuer la paternité à Cagliostro, à un mystérieux Philochate (un auteur collectif ?), ou au comte de Saint-Germain comme le pense Paul Chacornac in Le comte de Saint-Germain (1947). Quoiqu’il en soit de ces théories hasardeuses cet ouvrage daterait de la première moitié du XVIIIe siècle. Il a été publié plusieurs fois, sous l’Empire, en 1893, dans les années 1930 et, enfin, en 1971 sous la direction de René Alleau."
Ainsi commençait la conférence de Samuel Macaigne, Vénérable Maître de la Loge d'Etudes et de Recherches, Court de Gébelin lettre β, sur le thème : "La très Sainte Trinosophie, ouvrage attribué au Comte de Saint-Germain".
"Ce livre est une tentative d’explication des légendes de la philosophie antique par le biais de l’alchimie. Le XVIIIe siècle est le siècle où l’alchimie, jusqu’alors profondément ancrée dans la tradition chrétienne, se paganise. Le thème alchimique pénètre la Franc-maçonnerie en même temps que la vogue pour une Egypte rêvée, manière de dépasser le christianisme. 
[...]"
Suivirent de nombreux échanges :
"Le fait que l’on attribue cet ouvrage au comte de Saint-Germain souligne la force de l’image qu’il a pu donner et laisser. 
Quant à l’histoire de l’alchimie on note qu’aux XVIe et XVIIe siècles les textes alchimiques sont originaux, vivants, littéraires  et chrétiens. 
Au XVIIIe le souffle poétique s’épuise et La Très Sainte Trinosophie est un texte de fin de génération dont la particularité est de s’affranchir du christianisme. 
Le XIXe siècle n’apporte rien de bien signifiant si ce n’est que le vocabulaire alchimique fait une entrée en force dans la Franc-maçonnerie. L’alchimie –que les rédacteurs de rituels ne connaissent pas- n’est plus qu’un prétexte pour éviter toute référence religieuse et pour appuyer sur un fondement autre que chrétien, l’idéal spirituel transcendant inhérent à la Franc-maçonnerie. 
C’est le XXe siècle qui relance la réflexion sur l’alchimie avec C. G. Jung. On met alors en valeur cette littérature poétique et cette tradition iconographique extraordinaire. Cette imagerie qui fait la fortune de la littérature alchimique et dans laquelle on se projette, invite à une interrogation fondamentale sur la condition humaine. On restitue la  signification chrétienne de l’alchimie en même temps qu’on la présente comme une expérience mystique. Le Cercle d’Eranos illustre ce mouvement nouveau d’étude de l’alchimie par le monde universitaire."
Le compte-rendu complet est disponible en ligne sur le site de la Loge.