dimanche 3 novembre 2019

Renaissance Traditionnelle 194 : 1732, le plus ancien document maçonnique français

Le nouveau numéro 194 de la revue Renaissance Traditionnelle est disponible. En voici la présentation par son rédacteur en chef, Pierre Mollier :
Ce numéro 194 de Renaissance Traditionnelle est à l’image de notre revue : il offre une vaste perspective ! Il s’ouvre en effet sur la découverte de ce qui apparaît maintenant comme le plus ancien document maçonnique français connu. Il se conclut par une présentation stimulante des potentialités des humanités numériques pour la recherche maçonnique. 
De longue date L’Anglaise de Bordeaux était considérée comme l’une des premières Loges françaises. Les historiens maçonniques de l’entre-deux-guerres faisaient état de documents – disparus depuis – attestant de sa création le 27 avril 1732. Notre revue avait publié (RT 131-132, p. 174-196) une copie d’extraits des ses livres d’architecture – trouvée dans les « Archives Russes » du Grand Orient de France – réalisée en 1813. Ce recueil commençait par le procès-verbal de la tenue du dimanche 27 avril 1732. Lors d’une mission à Minsk pour étudier le reliquat des « Archives Russes » resté coincé en Biélorussie, Pierre-Yves Beaurepaire y a découvert le premier livre d’architecture de L’Anglaise, un témoignage bien sûr exceptionnel sur les débuts de la Maçonnerie française. Il en prépare une édition critique mais, en attendant, Louis Trébuchet nous présente cette pièce passionnante. Il s’agit maintenant du plus ancien document maçonnique français connu puisqu’il précède de trois ans les « Devoirs enjoints aux Maçons libres » de 1735 et de cinq ans le livre d’architecture de la Loge parisienne Coustos-Villeroy de 1737. D’emblée sa lecture apporte des informations d’un grand intérêt. Ainsi on peut y constater la pratique du grade de Maître dès 1732 ! On sait que celui-ci n’est apparu en Angleterre que quelques années auparavant, vers 1725, et semble avoir mis un certain temps à être adopté par les Loges britanniques. Cette pratique si précoce du troisième grade s’expliquerait-elle par le fait que ces « Anglais » étaient en fait des Irlandais ?  
Reinhard Markner a retrouvé les preuves de l’initiation de Cagliostro et essaye de mieux cerner les circonstances de sa réception et le milieu maçonnique où « le Grand Cophte » a fait son apprentissage en Loge. Notre classique « séquence RER » propose d’abord une belle étude du professeur Katsumi Fukaswa sur La Triple Union de Marseille et les tensions qui l’ont divisée, notamment sur de vrais enjeux philosophiques et spirituels. Roger Dachez nous invite ensuite à découvrir la version xviiie siècle du Maître Écossais du Régime Rectifié. Il faut en faire une double lecture. On peut d’abord s’attacher à le resituer dans la généalogie des rituels du RER et y chercher les éléments de la doctrine propre au régime que le grade transmet. Mais on peut aussi l’inscrire dans le prolongement des différentes études que nous avons récemment publiées sur les grades de Maîtres Écossais entre 1740 et 1760 et voir, dans celui du RER, une version de ce quatrième grade qui apparaît et prend une place si importante à partir de 1740. Enfin, poursuivant ses travaux si féconds sur le « fichier Bossu », Thomas de la Sore nous montre combien les nouvelles technologies de l’information peuvent se révéler utiles pour exploiter les riches archives maçonniques du xviiie siècle. 
Voilà un beau numéro… qui incitera, nous l’espérons, les derniers retardataires à se réabonner pour 2019 !

Ce numéro peut être commandé en ligne au prix de 15 €.