dimanche 8 décembre 2024

Renaissance Traditionnelle n° 208 : nouveaux cahiers de Saint-Martin n°2

  Le dernier n° 208 de Renaissance Traditionnelle vient de paraître !


Voici l'éditorial par le directeur de la revue, Roger DACHEZ : 

Dans ce numéro 208 de Renaissance Traditionnelle paraît la seconde livraison des nouveaux Cahiers de Saint-Martin, cette publication devant désormais se retrouver, chaque année, dans le numéro de décembre de notre revue. Placée sous la houlette de Dominique Clairembault, son rédacteur en chef, elle prend la suite, on s’en souvient, des Cahiers de Saint-Martin fondés il y a près de cinquante ans par Antoine Faivre, Nicole Jacques-Lefèvre et Léon Cellier, et qu’Antoine Faivre lui-même, peu avant sa disparition, m’avait demandé de ressusciter, sous une forme ou sous une autre.

Dominique Clairembault nous propose tout d’abord de célébrer le quatrième centenaire de la mort de Jacob Boehme, ce qui trouve naturellement sa place à cet endroit puisque, chacun le sait, Saint- Martin avait fait de Boehme son deuxième et dernier maître. À cette occasion, D. Clairembault nous convie à découvrir une traduction de textes ayant servi d’introduction à la version française d’un ouvrage tardif de Boehme, sous le titre Clef ou explication des divers points et termes principaux employés par Jacob Boehme dans ses ouvrages, publié en français en 1826, à l’initiative de deux célèbres disciples de Saint-Martin, Prunelle de Lière et Gilbert. Ils entendaient ainsi prolonger l’œuvre leur maître, et nous la poursuivons à notre tour en rendant disponibles des textes oubliés. D. Clairembault nous fait aussi connaître des Pensées inédites de Jean-Baptiste Willermoz dont la lecture, outre qu’elle nous fera pénétrer dans l’univers intime du fondateur du Rite Écossais rectifié, nous montrera aussi sa connexion spirituelle plus profonde qu’on ne le croit avec le Philosophe Inconnu dont les accents se retrouvent parfois dans les réflexions privées de Willermoz. Il s'y ajoute également divers fragments, et notamment deux textes ecrits à son propos après sa mort. Ces sources inédites enrichissent donc le dossier inépuisable et toujours ouverts des études willermoziennes.

Toujours dans les nouveaux Cahiers de Saint-Martin, Jef van Bellingen permet désormais à un plus large public que le seul lectorat germanophone de découvrir les grandes lignes d’un livre majeur dont le retentissement fut grand en Allemagne en son temps : le Magikon de Johann Friedrich Kleuker (1749-1827), une sorte de compendium dans la pensée de Saint-Martin – et de nombre de thèses de son maître Martinès de Pasqually –, résumées avec talent par un philosophe des religions allemand de la fin du XVIIIe siècle. Ce regard indépendant sur ce que l’on commençait à nommer le « martinisme » – avec toute la polysémie de ce mot – permet de mesurer ce que fut, plus précocement encore qu’on ne le pense généralement, l’influence de Saint-Martin sur une partie de la pensée européenne.

Dans la section des Varia, deux articles riches d’informations attendent nos lecteurs. Tout d’abord une traduction française d’une étude de notre ami John Belton, membre des Quatuor Coronati de Londres, sur certains aspects largement méconnus en France des décisions intervenues, entre Londres, Paris et Lausanne, dans ces années capitales que fut la période 1875-1877. De quoi réécrire en partie certaines parties de l’histoire maçonnique française et européenne ! D’autre part, Bernard Homery nous permet de jeter un peu de lumière sur un personnage méconnu de la première maçonnerie britannique, Robert Samber – et n’oublions pas, à cette occasion, que jusqu’au début des années 1750, la France et l’Angleterre ne constituaient, à divers égards, qu’une seule et même communauté maçonnique.

Dans la rubrique Francs-maçons du passé, je vous propose d’aller à la rencontre deux maçons allemands de la fin du XVIIIe siècle, Haugwitz et Waechter, dont les vies mouvementées, mêlant maçonnerie, mystique et politique, permettent une fois de plus de toucher du doigt l’étonnante, la fascinante complexité de la franc-maçonnerie du Siècle des Lumières... et des Illuminés!

Avec l’évocation de François Amelot (1760-1824), Boris Nicaise, dans le cadre des Emblemata Latomorum, partant d’un très intéressant diplôme maçonnique « belge » – même si la Belgique n’existait pas encore – de la fin du XVIIIe siècle, nous fait redécouvrir d’une façon vivante, même saisissante, l’univers si étrange à notre regard moderne des loges militaires de l’Ancien Régime et de la période révolutionnaire – lesquelles jouèrent un si grand rôle dans la diffusion de la franc-maçonnerie.

Bien sûr, nos lecteurs apprécieront, dans Coté Compagnonnages, une nouvelle contribution de Jean-Michel Mathonière, maître ès-arts en la matière, qui nous invite ici à nous libérer de quelques mauvaises légendes, trop souvent encore colportées dans une littérature approximative et mal informée, sur la fameuse « science secrète des bâtisseurs ». Érudition décoiffante garantie! Dans un second article consacré à une rare médaille compagnonnique, il nous montre combien les voies de l’historiographie sont variées et peuvent réserver des surprises.

Nous proposons enfin, comme d’habitude, sous la plume toujours aussi agile de Pierre Lachkareff et de Dominique Clairembault, des analyses de livres qui nous ont paru dignes d’être présentés à nos lecteurs – les autres, nous n’en parlons pas.

Un dernier mot pour évoquer le VIIe Colloque du Cercle Renaissance Traditionnelle, consacré au bicentenaire de la mort de Willermoz, qui s’est tenu à Paris le 7 octobre dernier et a remporté un succès mérité en présence d’environ 180 personnes. Que ceux et celles qui n’ont pu s’y rendre se consolent : la prochaine livraison des nouveaux Cahiers de Saint-Martin, en décembre 2025, sera entièrement consacrée à la publication des actes.

Bonne lecture à tous.

Ce numéro est disponible sur le site de Renaissance Traditionnelle ! 

vendredi 28 juin 2024

Renaissance Traditionnelle n° 207

 

 Le dernier n° 207 de Renaissance Traditionnelle vient de paraître !


Voici l'éditorial par le directeur de la revue, Roger DACHEZ : 

Pour ce n° 207, dans le dossier central intitulé « Chandeliers, colonnes et piliers - Histoire polymorphe d’une triade complexe », nous proposons à nos lecteurs la première partie une déambulation historique parmi les ternaires – fameux mais souvent rattachés à des sources illusoires – que sont, d’une part, Sagesse, Force et Beauté, et de l’autre le Soleil, la Lune, le Maître de la loge. On peut aussi en rapprocher les trois ordres principaux d‘architecture, l’ionique, le dorique et le corinthien dont le destin, dans les tableaux de loge britannique, on le verra, fut un peu énigmatique. Préalablement, il faudra aussi « en finir » avec toutes les hypothèses maçonniques absurdes qui ont pu être publiées, depuis des décennies, à propos des deux colonnes J. et B. – là encore, ce ne sont pas les chemins incertains de « l’exégèse symbolique » que nous emprunterons mais, bien plutôt, dans la tradition éditoriale de notre revue, les voies plus sûres et plus exigeantes de l’histoire des textes et l’examen critique des sources. Les questions auxquelles nous avons à répondre sont multiples : comment ces éléments furent-ils introduits dans le rituel maçonnique ? Quelles significations leur furent-elles initialement associées ? D’où provenaient-ils ? Dans le sillage des travaux fondateurs de René Désaguliers, et à la lumière des contributions de l’érudition anglaise, nous chercherons un peu de lumière sur ces « Lumières » … 

Dans la section des Varia, Jean-Théophile Désaguliers est à nouveau à l’honneur pour explorer certains points également peu connus de sa biographie et de sa pensée, au-delà des reconstructions parfois abusives dont sa personne a pu faire l’objet dans divers milieux maçonniques français au XXe siècle – au point, parfois, de le défigurer en partie. On découvrira ainsi, avec Philippe Langlet, ses différents visages et, dans un texte méconnu, je vous proposerai de découvrir ce qu’il pensait de la « philosophie nouvelle » et du déisme… 

Nous sommes aussi très heureux de publier à nouveau un article traduit de John Belton, membre de la première loge de recherche du monde, Quatuor Coronati 2076, avec qui j’ai eu l’honneur de travailler pendant près de quatre ans pour concevoir l’ouvrage intitulé Exploring the Vault (1730-1800) – The first Masonic High Degrees, Westphalia Press – lequel parait simultanément en anglais et en français (Les premiers hauts grades maçonniques (1730-1760) – Le mystère des origines, Dervy) au moment où ce numéro de Renaissance Traditionnelle est sous presse. Revenant sur la célèbre union de 1813, qui donna naissance à l’actuelle Grande Loge unie d’Angleterre, John en souligne des aspects généralement méconnus, notamment les conséquences en Angleterre de la Révolution française et de ses suites, l’interaction entre les trois Grandes Loges britanniques depuis le dernier quart du XVIIIe siècle et même l’influence inattendue de la Grande Loge de Suède. 

Quant à la rubrique Retour aux classiques, également introduite depuis le n° 206 et que vous retrouverez régulièrement, c’est à la monumentale et presque mythique History of Freemasonry de Robert F. Gould, qu’elle est consacrée pour ce semestre: ouvrage fondateur de « l’École authentique » de l’histoire maçonnique moderne, il contribua aussi, comme on va le voir, à propager certains mythes historiographiques. 

Dans Francs-maçons du passé, c’est la figure de Millanois que nous remettons en lumière, compagnon fidèle de Willermoz, injustement un peu oublié et victime de la Révolution française – qui décima presque tout l’entourage du fondateur du Régime écossais rectifié. 

Et Jean-Michel Mathonière, dans Côté Compagnonnages, nous entraîne cette fois dans la découverte d'un « Temple compagnonnique »… à ne pas laisser un Maçon dehors ! 

Une nouvelle rubrique va désormais prendre sa place: « RT il y a 50 ans… » L’idée est de relire à nouveaux frais, un demi siècle plus tard, d’anciens articles de Renaissance Traditionnelle – souvent dus à la plume éminente de ses plus illustres collaborateurs – afin de rechercher ce qui a surmonté l’épreuve de temps et les points ou les sujets sur lesquels la connaissance a progressé et les idées ont pu changer, notamment grâce au travail fourni depuis lors par notre revue. Nous commencerons par l’étude capitale – et, à l’époque, provocatrice – de Robert Amadou sur la « triple devise » prétendument maçonnique « Liberté, Égalité, Fraternité », publiée en quatre livraisons au cours des années 1974 et 1975. 

Naturellement, les Comptes rendus de livres et la Revue des revues, deux rubriques auxquelles nous tenons beaucoup, sont au rendez-vous de nos lecteurs. Enfin, notez bien les informations relatives au VIIe Colloque du Cercle Renaissance Traditionnelle qui aura lieu à Paris le samedi 5 octobre prochain – nous vous en livrons le programme et nous vous invitons aussi à vous y inscrire dès à présent en ligne car l’événement promet d’être marquant et les places disponibles seront en nombre limité !

Ce numéro est disponible sur le site de Renaissance Traditionnelle ! 

vendredi 10 mai 2024

VIIe Colloque RT le 5 octobre 2024

Le VIIe Colloque du Cercle Renaissance Traditionnelle se tiendra le samedi 5 octobre 2024, Maison Maria Deraismes, 9 rue Pinel, 75013 Paris (de 10 heures à 17 heures).

Le thème aura pour objet : "Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) : Quel héritage, deux siècles plus tard ?"

Si le XVIIIe siècle a connu des personnalités maçonniques d’exception, Jean-Baptiste Willermoz occupe parmi elles l’un des premiers rangs. Maçon passionné dès l’âge de vingt ans, impliqué dans toutes les aventures de la franc-maçonnerie lyonnaise, véritable encyclopédie maçonnique vivante, passionné par les courants ésotériques et mystiques de son temps – de l’illuminisme chrétien à la théurgie et au magnétisme –, il fut avant tout le génial concepteur du Rite Ecossais Rectifié (RER).

Deux siècles après sa mort, survenue en 1824 à l’âge alors vénérable de 94 ans, le temps est venu d’un bilan serein et documenté de son action, et d’un examen objectif de sa postérité.

Le but de ce colloque, réunissant quatre spécialistes reconnus de l’œuvre de Willermoz et des sources du RER, sera de revisiter l’histoire de ce régime maçonnique sous l’angle particulier de l’action personnelle de Willermoz, de ses convictions, de ses passions, de ses doutes aussi. Seront ainsi explorées à nouveaux frais ses relations avec le baron de Hund et la Stricte Observance Templière, avec Martinès de Pasqually et les Elus Coëns, avec Louis-Claude de Saint-Martin et sa « voie cardiaque », mais aussi sa pensée personnelle de théosophe chrétien et d’explorateur des mystères. Enfin, un accent particulier sera mis, à travers une table ronde conclusive, sur la réception de son œuvre et sur sa postérité jusqu’à nos jours.

Les auteurs intervenant au cours du colloque signeront à cette occasion certains de leurs ouvrages.

A travers le bicentenaire de sa mort, c’est donc son héritage vivant – souvent incompris ou profané – qui sera éclairé et célébré.

Voici les modalités de l'inscription qui est obligatoire (nombre de places limité à 200) donnant accès aux conférences, table ronde, dédicaces (pause-déjeuner libre) :

  • Tarif normal : 20€.
  • Tarif préférentiel : 10€ si vous êtes déjà abonné à la revue pour l'année 2024.
  • Offre spéciale (entrée + abonnement) : 70€ si vous souhaitez vous abonner à la revue pour l'année 2024.

Pour vous inscrire, RDV sur la page de présentation du Colloque.

dimanche 5 mai 2024

Les origines des premiers hauts grades écossais

Deux ouvrages co-écrits par John Belton & Roger Dachez, sortent simultanément en langue anglaise et en langue française sur les origines des premiers hauts grades écossais :


"Les premiers Hauts grades Écossais, l'énigme des origines (1730-1760)", Roger Dachez , John Belton. Ed. Dervy | juin 2024

"Exploring the Vault: the masonic higher degrees 1730-1800" by John Belton & Roger Dachez. 2024


Les auteurs interviendront le 14 juin lors de la Conférence internationale sur l'histoire de la Franc-maçonnerie qui se tiendra du 13 au 15 juin 2024, 16 Rue Cadet, 75009, Paris, France.




dimanche 24 mars 2024

Renaissance Traditionnelle n° 206 : nouveaux cahiers de Saint-Martin

 Le dernier n° 206 de Renaissance Traditionnelle vient de paraître !


Voici l'éditorial par le directeur de la revue, Roger DACHEZ : 

Le présent numéro de Renaissance Traditionnelle achève l’année éditoriale 2023. Désormais, le nouveau rythme de publication sera respecté et deux livraisons de 128 pages verront le jour chaque année : l’une vers la fin du mois de juin et l’autre à la fin du mois décembre, l’année calendaire étant dorénavant en phase avec l’année éditoriale, pour le confort de nos lecteurs – et la sérénité retrouvée de notre rédaction…

Pour la première fois dans la nouvelle formule de notre revue, on trouvera en dossier central les nouveaux Cahiers de Saint-Martin, héritiers de la revue homonyme qui parut entre 1976 et la fin des années 80 sous l’égide de ces grands noms des études saint-martiniennes que furent Robert Amadou et Antoine Faivre, aujourd’hui disparus, ainsi que Nicole Jacques-Lefèvre qui poursuit toujours ses travaux dans un domaine dont elle demeure l’une des spécialistes les plus respectées. Peu avant sa mort, Antoine Faivre nous avait fait part de son souhait que cette revue retrouve une nouvelle vie et nous en avait confié la mission – nous avons donc tout mis en œuvre pour exaucer ce vœu, dans la fidélité à sa mémoire.

Dominique Clairembault, à présent chargé de ce supplément annuel de Renaissance Traditionnelle, propose pour commencer d’aller à la recherche de Saint-Martin comme traducteur de Jakob Boëhme. On sait en effet que celui que le Philosophe Inconnu nommait son « deuxième maître » fut en grande partie redécouvert – y compris en Allemagne – grâce aux traductions opérées par le théosophe d’Amboise, lequel avait appris l’allemand dans ce seul but ! D. Clairembault nous montre à cette occasion que les traductions de Saint-Martin nous en apprennent au moins autant sur lui-même que sur le théosophe germanique…

Le dossier réserve aussi une surprise de la recherche, avec la découverte fortuite et presque providentielle d’un très probable portrait, jusqu’ici inconnu, de Louis-Claude de Saint-Martin ! Nos lecteurs, en suivant l’enquête que nous avons conduite à son sujet, pourront contempler sans doute pour la première fois les traits du Philosophe Inconnu, et auront enfin le privilège de le voir tel que ses contemporains eux-mêmes ont pu le faire. Selon la plaisante formule de Robert Amadou, on peut vraiment dire, à cette occasion, qu’une fois de plus « le Ciel sourit aux martinistes » !

On trouvera également une présentation de la « Bibliographie du martinisme », publiée en 1939 par un auteur inconnu…

Dans les Varia, notre ami Philippe Langlet aborde en premier lieu la question des « Commandements et serments maçonniques »,  rappelant le fort ancrage biblique de tous les engagements maçonniques, dès l’origine.

D’autre part, notre collègue et ami d’outre-Rhin, Reinhard Markner, qui a déjà honoré notre revue de ses articles, nous présente un singulier document, en l’occurrence un discours prononcé en 1752 par le célèbre baron von Hund, le fondateur de la Stricte Observance Templière, qui révèle chez lui l’influence un peu inattendue du nom moins célèbre Ramsay ! Un exemple frappant de la libre circulation des idées dans le monde foisonnant de la maçonnerie continentale du XVIIIe siècle.

La chronique désormais habituelle de Jean-Michel Mathonière, Côté Compagnonnages, aborde cette fois la question méconnue des appartenances conjointes la franc-maçonnerie et au Compagnonnage au début du XIXe siècle : un sujet bien moins anecdotique qu’il n’y parait, illustrant sans doute la voie par laquelle, contrairement à une opinion encore répandue, ce sont bien les rituels compagnonniques qui, à cette époque, ont emprunté aux rituels maçonniques – et non l’inverse.

Enfin, dans les Comptes rendus de livres et la Revue des revues, nous poursuivons notre examen critique des publications les plus récentes – en évitant celles dont nous préférons ne pas parler, pour privilégier les travaux qui, selon la formule chère à notre revue depuis toujours, permettent de « mieux comprendre et mieux aimer la tradition maçonnique dans sa double dimension historique et spirituelle.

Ce numéro est disponible sur le site de Renaissance Traditionnelle ! 

vendredi 1 mars 2024

Ode au Haggis

Le 25 janvier, tous les foyers écossais ainsi qu'un bon nombre d'expatriés partout dans le monde célèbrent donc la Burns Night. A cette occasion, on sort sa plus belle vaisselle, son kilt et pour certains sa cornemuse et l'on se retrouve pour un bon dîner en famille ou entre amis. Le cérémonial est partout le même : discours, prières et dégustations de whisky se suivent jusqu'à l'entrée en scène du héros de la soirée, le haggis.

Robert Burns et le haggis sont intimement liés depuis que celui-ci écrivit le poème Address To A Haggis en 1786.

Voici le texte original :

Fair fa' your honest sonsie face,
Great chieftain o' the puddin'-race!
Aboon them a' ye tak your place,
Painch, tripe, or thairm:
Weel are ye wordy o' a grace
As lang's my arm.

The groaning trencher there ye fill,            
Your hurdies like a distant hill;
Your pin wad help to mend a mill 
In time o' need;
While thro' your pores the dews distil
Like amber bead.

His knife see rustic Labour dight,
An' cut ye up wi' ready sleight,
Trenching your gushing entrails bright 
Like ony ditch;
And then, O what a glorious sight,
Warm-reekin', rich!

Then, horn for horn they stretch an' strive,
De'il tak the hindmost ! on they drive,
Till a' their weel-swall'd kytes believe
Are bent like drums;
Then auld guidman, maist like to rive, 
'Bethankit' hums.

Is there that o'er his French ragout,
Or olio that wad stow a sow,
Or fricasse wad mak her spew
Wi' perfect sconner,
Looks down wi' sneering scornfu' view
On sic a dinner?

Poor devil! see him owre his trash,
As feckless as a wither'd rash,
His spindle shank a guid whip lash,
His nieve a nit:
Thro' bloody flood or field to dash,
O how unfit!

But mark the rustic, haggis-fed,
The trembling earth resounds his tread!
Clap in his wallie nieve a blade,
He'll mak it whissle;
An' legs, an' arms, an' heads will sned,
Like taps o' thrissle.

Ye Pow'rs, wha mak mankind your care,
And dish them out their bill o' fare,
Auld Scotland wants nae skinking ware
That jaups in luggies;
But, if ye wish her gratefu' prayer,
Gie her a Haggis!

Et la traduction en français par Roger Dachez :

Salut à toi, mon brave, mon cher,
Chef suprême du clan des puddings !
Au-dessus d'eux prends ta place,
Boyaux, tripes, andouilles :
Tu mérites bien une prière
Aussi longue que mon bras. 
 
Tu remplis le plateau sous ton poids,
Telle une colline tes flancs s'étirent,
Ta broche ferait le mât d'un moulin
S'il le fallait ;
Tandis que de tes pores transpirent
Des perles ambrées.

Le rude paysan essuie sa lame,
Et te tranche d'un coup de main habile,
Taillant dans tes entrailles luisantes qui dégoulinent,
Comme dans une tranchée ;
Puis, oh ! Quel spectacle somptueux !
Quel riche et chaud fumet !

Puis, à coups de cuillères ils te vident avec ardeur ;
Le Diable emporte le plus timide, ils y vont tous,
Jusqu'à ce que leurs ventres rebondis
soient gonflés comme des barriques ;
Et que le maître de maison, prêt à roter,
Souffle l’action de grâce

Y en a-t-il un, penché sur son ragoût français,
Ou sur un de ces plats huileux à écœurer une truie,
Ou sur une de ces fricassées qu’elle vomit
Avec dégoût,
Qui ose contempler avec mépris, le nez levé,
Un tel dîner ?

Pauvre Diable ! Regardez-le d'ailleurs, face à ces plats puants,
Mou comme un roseau flétri,
Avec des mollets maigres comme cordes à violon,
Des poings gros comme des noisettes,
Pour un bon combat sanglant sur la terre ou la mer,
Si peu doué !

Mais vise notre gars plein de haggis,
La terre tremble sous ses pas !
Mets-lui des lames au bout des bras,
Et il les fera siffler ;
Faisant voler jambes, bras, têtes
Comme autant de fleurs de chardon !

Et Vous, Puissances qui veillez sur l'homme,
Et qui régentez son manger,
La Vieille Ecosse ne veut pas de ces pitances liquides
Qui clapotent dans une soupière ;
Mais si vous voulez ses prières reconnaissantes,
Donnez-lui un haggis !

mardi 21 novembre 2023

Renaissance Traditionnelle n° 205 : nouvelle formule !

Le dernier n° 205 de Renaissance Traditionnelle vient de paraître !


Voici l'édito par le directeur de la revue, Roger DACHEZ : 

Une nouvelle Renaissance...

Notre revue a plus de 50 ans. Dans un récent numéro (n°201- 202), l’aventure à la fois personnelle mais aussi intellectuelle, spirituelle et maçonnique de son fondateur, René Guilly – dit René Désaguliers –, a été longuement retracée. Dans son sillage, depuis 1992, année de sa disparition, nous nous sommes efforcés de maintenir Renaissance Traditionnelle au niveau où lui- même l’avait déjà portée de son vivant. En trente ans nous avons pu en faire, de l’avis unanime, bien au-delà de la France du reste, la première revue de maçonnologie de langue française.
Depuis déjà quelques années, nous réfléchissions sur une évolution de sa présentation et de son organisation interne. Un événement a précipité la mise en place d’un certain nombre de changements.
Notre ami Pierre Mollier, pour des raisons personnelles, a souhaité être déchargé de la lourde responsabilité de rédacteur en chef qu’il a assumée sans faillir depuis 1993. Sans sa présence constante, sans son travail de recherche des auteurs et des articles, sans ses propres contributions, la revue n’aurait certainement pas pu atteindre ses objectifs. On connaît par ailleurs l’œuvre personnelle qu’il a élaborée à travers de nombreux livres, articles et conférences qui ont fait de lui, en dehors même des frontières de l’hexagone, un spécialiste éminent et respecté de l’histoire maçonnique. Toujours vice-président de l’association Renaissance Traditionnelle, Pierre continuera, au sein du comité de rédaction, de collaborer à cette revue qui a occupé une place si considérable dans sa vie depuis trente ans et qui, réellement, lui doit tant.
Au terme d’un demi-siècle d’existence, nous avons donc décidé de faire évoluer la structure de Renaissance Traditionnelle et d’en élargir le contenu. Par la même occasion, nous avons revu la maquette, suivant les suggestions d’un maître en la matière, notre ami Jean-Michel Mathonière. Enfin, nous introduisons l’usage habituel de la couleur pour mettre en valeur les documents iconographiques qui tiennent une place majeure dans l’historiographie maçonnique.
A partir de ce numéro double qui inaugure la nouvelle formule de la revue, nos lecteurs y retrouveront toujours un dossier central, thématique, dans le sillage de l’approche rigoureuse, de l’histoire objective et documentée qui a toujours été l’axe de notre travail. Nous savons bien qu’au terme d’un demi-siècle de publications, de nombreux domaines sont encore à explorer.
A ce dossier central s’ajouteront, sous le nom de Varia, des articles portant sur des sujets divers, sans lien avec le thème central du numéro.
Nous mettons également en place de nouvelles rubriques que vous pourrez retrouver au fil de toutes nos livraisons : dans Retour aux classiques, nous revisiterons certains des grands ouvrages, du XVIIIe ou du XIXe siècle notamment, qui ont beaucoup compté dans l’histoire maçonnique – pour le meilleur ou le pire ; Francs-maçons du passé livrera de courtes biographies de maçons parfois un peu obscurs mais offrant, au-delà des célébrités et des grands noms de la maçonnerie qui occupent parfois abusivement le devant de la scène, un portrait vivant de la « réalité maçonnique » des siècles passés ; enfin, dans Emblemata latomorum nous publierons des images, des gravures, des figures, des documents iconographiques de toutes sortes, ayant joué un rôle important, connu ou méconnu, dans la culture maçonnique, et nous nous interrogerons sur leurs sources, sur les circonstances de leur introduction, et les intentions qui avaient guidé leur production.
Dans un domaine distinct mais connexe, celui du compagnonnage, sur lequel nous avons à plusieurs reprises, et tout récemment encore, publié d'importants articles, une rubrique régulière est également créée sous le nom Côté Compagnonnages. Elle sera placée sous la direction experte et éclairée de Jean-Michel Mathonière.
Par ailleurs, les comptes rendus de livres et de revues d’érudition maçonnique seront amplement développés. En raison du fait que la qualité de la production éditoriale française, dans ce domaine, est très inégale, il nous parait nécessaire de porter sur un certain nombre de livres un authentique regard critique. Nous ne nous bornerons pas à reproduire la "présentation de l’éditeur" ni à procurer un vague résumé ; nous privilégierons une approche réellement contributive, apportant des éclairages et éléments documentaires pour aider le lecteur à mieux évaluer le contenu de certains ouvrages, dans la lignée des comptes rendus si détaillés et si complets déjà publiés dans nos colonnes sous la plume agile de Pierre Lachkareff. D’autre part, chaque année, le contenu de la livraison annuelle de la revue Ars Quatuor Coronatorum (AQC), véritable thésaurus de l'érudition maçonnique anglaise depuis près de 140 ans, sera systématiquement analysé pour mettre à la disposition d'un public maçonnique français n'accédant pas toujours facilement à la littérature anglaise, le produit de la recherche maçonnique outre-Manche. Il en sera de même pour d'autres revues, comme par exemple Heredom, organe de la Scottish Rite Research Society à Washington - dont je suis depuis vingt-deux ans « Contributing Member ». Nous aborderons aussi, grâce à l'apport de nouveaux collaborateurs spécialisés, la littérature maçonnique de langue allemande, si négligée dans les études maçonniques françaises. Enfin, parce que les connaissances - les meilleures comme les plus discutables - transitent aujourd'hui largement par l'internet, une rubrique RT numérique explorera les ressources en ce domaine, soit pour les recommander à l'attention de nos lecteurs, soit pour mettre ces derniers en garde.
En dehors de ces évolutions, un nouveau partenaire va faire son apparition une fois par an dans un numéro dont le dossier central lui sera consacré : les nouveaux Cahiers de Saint-Martin. Revue fondée en 1976 sous l'égide d'Antoine Faivre, Nicole Jacques et Robert Amadou, elle s'était donnée pour but d'explorer, dans le sillage du Philosophe Inconnu - Louis-Claude de Saint-Martin - l'illuminisme maçonnique au XVIIIe siècle. Disparue à la fin des années 1980, après un beau parcours, cette revue devait renaître, selon le vœu exprimé avant sa mort par Antoine Faivre. Il nous en avait confié la responsabilité et nous l'abriterons désormais dans Renaissance Traditionnelle - dont Antoine Faivre lui-même, rappelons-le, fut un des collaborateurs parmi les plus éminents. Ce dossier annuel sera confié à Dominique Clairembault, expert incontesté du théosophe d'Amboise et du courant de pensée qui s'en est inspiré dans la maçonnerie du XVIIIe et du début du XIXe siècle.
Un dernier sujet, plus matériel, a souvent décontenancé nos lecteurs et mis sous pression la rédaction de notre revue : la régularité assez approximative de sa parution périodique. Afin de mettre un terme aux multiples décalages nous faisant parfois achever l'année éditoriale au milieu de l'année calendaire suivante, nous avons pris la décision de faire de Renaissance Traditionnelle une parution semestrielle. Ainsi, deux numéros "doubles" (de 128 pages chacun) seront publiés chaque année, au début de l'hiver et au début de l'été. Le prochain numéro de l'année 2023 sortira dans le courant du mois de décembre prochain. Outre la régularité, la réduction des coûts engendrés par ce changement nous permettra de modérer le plus possible l'augmentation de nos tarifs d'abonnement.
Pour finir, répétons à nouveau que Renaissance Traditionnelle n'a jamais été et ne sera jamais une revue de pure érudition et pas davantage une revue obédientielle. C'est une revue érudite au service d'un projet maçonnique. Ce dernier a été formulé dès l'origine par notre fondateur, René Désaguliers, et figure depuis toujours sur la quatrième de couverture: "susciter et publier des études, apporter des documents qui fassent mieux comprendre et mieux aimer la tradition maçonnique dans sa double dimension historique et spirituelle."
Nous demeurerons indéfectiblement fidèles à cette orientation et nous invitons dès à présent nos lecteurs à la suivre encore avec nous, en découvrant cette nouvelle formule de Renaissance Traditionnelle. Nous espérons que ce tournant dans l'histoire de notre revue les convaincra et nous resterons à leur écoute.

Ce numéro est disponible sur le site de Renaissance Traditionnelle ! 

lundi 3 juillet 2023

Renaissance Traditionnelle n° 204 : Le signe de Maître

Le dernier n° 204 de Renaissance Traditionnelle intitulé "Les sources anthropologiques du signe de Maître" vient de paraître !

Avec la belle étude qui ouvre ce numéro 204, Renaissance Traditionnelle s’aventure dans un domaine de recherche très stimulant mais difficile. Dans son travail pour une meilleure connaissance de la franc-maçonnerie, notre revue s’en est jusqu’à présent tenue au terrain de l’histoire. Terrain assez solide pour peu que l’on y applique la méthode « académique » classique progressivement construite par les historiens au cours des XIXe et XXe siècles. À partir des années 1970 cependant, différents auteurs ont voulu renouveler les études maçonniques en utilisant les approches d’autres sciences sociales – sociologie, anthropologie, psychologie sociale etc. – qui à cette époque étaient particulièrement en vogue à l’université. Hélas, les quelques essais d’« anthropologie maçonnique » qui ont été tentés n’ont guère convaincu. Une critique un peu rigoureuse en a facilement repéré et dénoncé les truismes, les rapprochements trop rapides de faits sortis de leurs contextes etc. Mais ce n’est pas parce qu’une hypothèse de travail ne donne pas satisfaction à sa première mise en œuvre qu’il faut y renoncer définitivement. Ainsi, nous avons été interpellés puis séduits par le travail de Gaël Meigniez que vous allez découvrir. Il guide le lecteur dans une exploration étonnante des sources profondes dans l’imaginaire humain de cet élément important de la légende d’Hiram et du grade de Maître qu’est le « signe d’horreur ». Si son objet est d’abord scientifique, cette véritable anthropologie historique et culturelle d’une séquence du rituel nous paraît aussi bien apte à nourrir la dimension initiatique de notre pratique maçonnique.

Lorsque l’on aborde la question des relations entre la franc-maçonnerie et les compagnonnages, le préambule obligé est de souligner qu’il n’y en a aucune ! Une fois cela posé – notamment pour rappeler que la filiation entre compagnonnage et franc-maçonnerie est un mythe – on peut les étudier sereinement. Jean-Michel Mathonière apporte ici au dossier une pièce unique et singulière. Un document compagnonnique mais dont la lecture révèle de nombreux emprunts à la culture maçonnique. Son analyse permet d’éclairer ces liens oubliés et de mieux saisir la sensibilité de ces si intéressants milieux compagnonnico-maçonnique du XIXe siècle.

Cette livraison – un peu atypique – clôt l’année éditoriale 2022 de Renaissance Traditionnelle. Pour le rédacteur en chef de la revue c’est aussi une étape. En effet, après avoir exercé cette fonction pendant trente ans – du numéro 91-92 d’octobre 1992 à ce numéro 204 d’octobre 2022 – des contraintes personnelles m’amènent à passer le relais. Je remercie sincèrement ceux qui, au long de toutes ces années, m’ont assisté et aidé dans cette difficile mission. Notamment Paul Paoloni qui fut mon complice ces dix dernières années et à qui la revue doit beaucoup. D’ores et déjà, une nouvelle équipe est constituée autour de notre directeur Roger Dachez. Elle prendra la barre dès le prochain numéro et vous proposera une nouvelle formule. Un nouveau cycle s’ouvre. « Il faut que tout change pour que rien ne change » serait-on tenté de dire avec un peu d’emphase en reprenant la réplique mythique du Guépard. Il faut en tout cas que notre revue évolue pour proposer à nos lecteurs un outil qui fasse toujours « mieux connaître et mieux aimer la tradition maçonnique dans sa double dimension historique et spirituelle.

Ce numéro est disponible sur le site de Renaissance Traditionnelle ! 

jeudi 30 mars 2023

Renaissance Traditionnelle n° 203 : les compagnons tailleurs de pierre

Le dernier n° 203 de Renaissance Traditionnelle intitulé "Nouvelles lumières sur les rites de réception chez les compagnons tailleurs de pierre" vient de paraître !

Voici l'édito du Rédacteur en chef, Pierre Mollier :

À l’image des Maçons français, Renaissance Traditionnelle et ses lecteurs se sont toujours  vivement intéressés à l’histoire des Compagnonnages. Les collectionneurs se souviendront des articles de Gérard Lindien (Gérard de Crancé) dans les premiers numéros de la revue dans les années 1970 : Nouvelle incitation à la connaissance du Compagnonnage. Au milieu des années 2000, Laurent Bastard – alors conservateur du Musée du Compagnonnage de Tours – nous invita à le suivre dans une passionnante enquête sur Les sources méconnues du Compagnonnage français au XIXe siècle. Depuis vingt ans, Jean-Michel Mathonière nous a régulièrement proposé des contributions sur tel ou tel aspect de l’iconographie compagnonnique.

Bien sûr la vision des liens entre Compagnonnages et franc-maçonnerie a beaucoup évolué en cinq décennies. On sait aujourd’hui que les similitudes entre certains usages compagnonniques et la franc-maçonnerie s’expliquent essentiellement par des emprunts des Compagnons aux Maçons au XIXe siècle et non par des sources communes et antiques chez les « Bâtisseurs de Cathédrales » comme le suggérait tout un imaginaire romantique. Il n’en reste pas moins que les Compagnonnages sont un exemple unique de « fraternité initiatique de métier » et que, à ce titre, ils doivent retenir l’attention de ceux qui essayent de mieux comprendre « la question de l’initiation ».

Or l’histoire des Compagnonnages, notamment pour les périodes anciennes, celles antérieures au XIXe siècle, reste très mal connue. C’est particulièrement vrai pour ce qui est des différentes sociétés compagnonniques, de leurs usages rituels, de leurs corpus symboliques. L’apparition d’un nouveau document constitue donc un véritable événement. Or, après en avoir rêvé pendant des années, Jean-Michel Mathonière a découvert il y a quelques mois un manuscrit, de la fin du XVIIe siècle ou du début du XVIIIe, qui décrit la cérémonie de réception des « braves compagnons étrangers du Devoir, tailleurs de pierre ». La simplicité de ce rituel lui donne un grand parfum d’authenticité. La référence explicite à Salomon et à son Temple dans un texte « opératif »  antérieur à la diffusion de la franc-maçonnerie en France est passionnante.

Nos lecteurs trouveront ici un facsimilé du manuscrit assorti d’une transcription et de nombreuses notes explicatives. Mais l’auteur nous propose aussi une consistante introduction et un copieux dossier d’analyses et de documents pour remettre cette découverte si importante dans son contexte. Nul doute que ce numéro 203 de R.T. constitue un apport majeur à l’histoire des Compagnonnages et au-delà à celle des fraternités initiatiques – opératives ou spéculatives – liées à l’art de bâtir.

Ce numéro est disponible sur le site de Renaissance Traditionnelle !

vendredi 9 septembre 2022

Renaissance Traditionnelle n° 201-202 : René Guilly

Le dernier n° 201-202 de Renaissance Traditionnelle intitulé "René Guilly (1921-1992) En quête des « vraies richesses » de la franc-maçonnerie" vient de paraître !

Voici l'édito du Rédacteur en chef, Pierre Mollier :

1970-2020, cinquante ans de Renaissance Traditionnelle ! Franchir la barre des deux cents numéros est une étape pour une revue, surtout quand elle s’est fixé un objet aussi particulier – faire « mieux comprendre et mieux aimer la tradition maçonnique dans sa double dimension historique et spirituelle » – et qu’elle s’adresse, par nature, à un public assez restreint. Pourtant, c’est moins le millésime que nous célébrons avec ce numéro 201-202 que son fondateur René Guilly (1921-1992) dont l’année 2021 a marqué le centenaire de la naissance et qui a rejoint l’Orient éternel il y a
maintenant trente ans. « Trente ans après », il est toujours aussi présent dans ces pages. Nous partageons encore la conception de l’Ordre qu’il s’est forgée au cours d’une vie de pratique et d’étude. Nous mettons toujours en œuvre la méthode qu’il a développée pour mieux cerner les « vraies richesses » de la tradition maçonnique. Une bonne partie des animateurs de notre revue reste constituée de Maçons qui l’ont connu et accompagné dans cette quête, c’est peu de dire qu’ils en ont été durablement marqués. Arrivés à leur tour à l’âge de la maturité, ils ont voulu en savoir un peu plus sur cet homme à qui ils devaient tant.


Notre fondateur a eu plusieurs vies. L’un des apports de ce numéro est la belle étude de Pierre Lachkareff sur sa jeunesse et son engagement dans le Paris culturel et artistique de l’Après-guerre. On découvre un René Guilly familier de Raymond Queneau et Boris Vian, qui travaille avec Dubuffet, polémique avec Antonin Artaud ou découvre Georges Mathieu. Nous nous sommes bien sûr focalisés sur sa vie maçonnique. Paul Paoloni nous retrace un itinéraire et les questionnements qui le menèrent d’une loge historique – La Clémente Amitié –, typique du Grand Orient de France de cette époque, vers d’autres horizons maçonniques. De ses débuts dans une Maçonnerie des années 1950 en reconstruction, il garda de solides amitiés comme celles, qui pourraient étonner, qu’il entretint avec Francis Viaud ou Fred Zeller. D’autres horizons, au-delà même des frontières – nationales ou maçonniques –, puisque René Guilly eut de nombreux échanges avec des érudits maçonniques britanniques comme nous le raconte Bernard Dat et qu’il fut aussi membre d’une loge « régulière » allemande. Enfin, Roger Dachez nous éclaire sur le contexte dans lequel se formèrent ses conceptions maçonniques.

Certains ressentent des affinités profondes entre esthétique et spiritualité. C’est peut-être la clef du chemin de René Guilly dans ce monde. Art de son temps, « Art royal », restauration d’œuvres d’art… « L’art c’est toute ma vie » répondait-il à une amicale mise en demeure d’un vieux complice, Robert Amadou, c’est sans doute beaucoup plus qu’une boutade.

Une question demeure cependant. Pourquoi, après avoir consacré, pendant près de quinze ans, le meilleur de sa jeunesse et de son énergie à l’art de son temps et à ses débats alors les plus actuels, après avoir fréquenté intimement certains de ses acteurs les plus importants ; pourquoi, au milieu des années 1950, René Guilly se retire finalement de ces enjeux pour s’investir dans l’étude de l’art ancien et se vouer à une quête de Renaissance Traditionnelle.

Ce numéro double est disponible sur le site de Renaissance Traditionnelle !