Le dernier n° 208 de Renaissance Traditionnelle vient de paraître !
Voici l'éditorial par le directeur de la revue, Roger DACHEZ :
Dans ce numéro 208 de Renaissance Traditionnelle paraît la seconde livraison des nouveaux Cahiers de Saint-Martin, cette publication devant désormais se retrouver, chaque année, dans le numéro de décembre de notre revue. Placée sous la houlette de Dominique Clairembault, son rédacteur en chef, elle prend la suite, on s’en souvient, des Cahiers de Saint-Martin fondés il y a près de cinquante ans par Antoine Faivre, Nicole Jacques-Lefèvre et Léon Cellier, et qu’Antoine Faivre lui-même, peu avant sa disparition, m’avait demandé de ressusciter, sous une forme ou sous une autre.
Dominique Clairembault nous propose tout d’abord de célébrer le quatrième centenaire de la mort de Jacob Boehme, ce qui trouve naturellement sa place à cet endroit puisque, chacun le sait, Saint- Martin avait fait de Boehme son deuxième et dernier maître. À cette occasion, D. Clairembault nous convie à découvrir une traduction de textes ayant servi d’introduction à la version française d’un ouvrage tardif de Boehme, sous le titre Clef ou explication des divers points et termes principaux employés par Jacob Boehme dans ses ouvrages, publié en français en 1826, à l’initiative de deux célèbres disciples de Saint-Martin, Prunelle de Lière et Gilbert. Ils entendaient ainsi prolonger l’œuvre leur maître, et nous la poursuivons à notre tour en rendant disponibles des textes oubliés. D. Clairembault nous fait aussi connaître des Pensées inédites de Jean-Baptiste Willermoz dont la lecture, outre qu’elle nous fera pénétrer dans l’univers intime du fondateur du Rite Écossais rectifié, nous montrera aussi sa connexion spirituelle plus profonde qu’on ne le croit avec le Philosophe Inconnu dont les accents se retrouvent parfois dans les réflexions privées de Willermoz. Il s'y ajoute également divers fragments, et notamment deux textes ecrits à son propos après sa mort. Ces sources inédites enrichissent donc le dossier inépuisable et toujours ouverts des études willermoziennes.
Toujours dans les nouveaux Cahiers de Saint-Martin, Jef van Bellingen permet désormais à un plus large public que le seul lectorat germanophone de découvrir les grandes lignes d’un livre majeur dont le retentissement fut grand en Allemagne en son temps : le Magikon de Johann Friedrich Kleuker (1749-1827), une sorte de compendium dans la pensée de Saint-Martin – et de nombre de thèses de son maître Martinès de Pasqually –, résumées avec talent par un philosophe des religions allemand de la fin du XVIIIe siècle. Ce regard indépendant sur ce que l’on commençait à nommer le « martinisme » – avec toute la polysémie de ce mot – permet de mesurer ce que fut, plus précocement encore qu’on ne le pense généralement, l’influence de Saint-Martin sur une partie de la pensée européenne.
Dans la section des Varia, deux articles riches d’informations attendent nos lecteurs. Tout d’abord une traduction française d’une étude de notre ami John Belton, membre des Quatuor Coronati de Londres, sur certains aspects largement méconnus en France des décisions intervenues, entre Londres, Paris et Lausanne, dans ces années capitales que fut la période 1875-1877. De quoi réécrire en partie certaines parties de l’histoire maçonnique française et européenne ! D’autre part, Bernard Homery nous permet de jeter un peu de lumière sur un personnage méconnu de la première maçonnerie britannique, Robert Samber – et n’oublions pas, à cette occasion, que jusqu’au début des années 1750, la France et l’Angleterre ne constituaient, à divers égards, qu’une seule et même communauté maçonnique.
Dans la rubrique Francs-maçons du passé, je vous propose d’aller à la rencontre deux maçons allemands de la fin du XVIIIe siècle, Haugwitz et Waechter, dont les vies mouvementées, mêlant maçonnerie, mystique et politique, permettent une fois de plus de toucher du doigt l’étonnante, la fascinante complexité de la franc-maçonnerie du Siècle des Lumières... et des Illuminés!
Avec l’évocation de François Amelot (1760-1824), Boris Nicaise, dans le cadre des Emblemata Latomorum, partant d’un très intéressant diplôme maçonnique « belge » – même si la Belgique n’existait pas encore – de la fin du XVIIIe siècle, nous fait redécouvrir d’une façon vivante, même saisissante, l’univers si étrange à notre regard moderne des loges militaires de l’Ancien Régime et de la période révolutionnaire – lesquelles jouèrent un si grand rôle dans la diffusion de la franc-maçonnerie.
Bien sûr, nos lecteurs apprécieront, dans Coté Compagnonnages, une nouvelle contribution de Jean-Michel Mathonière, maître ès-arts en la matière, qui nous invite ici à nous libérer de quelques mauvaises légendes, trop souvent encore colportées dans une littérature approximative et mal informée, sur la fameuse « science secrète des bâtisseurs ». Érudition décoiffante garantie! Dans un second article consacré à une rare médaille compagnonnique, il nous montre combien les voies de l’historiographie sont variées et peuvent réserver des surprises.
Nous proposons enfin, comme d’habitude, sous la plume toujours aussi agile de Pierre Lachkareff et de Dominique Clairembault, des analyses de livres qui nous ont paru dignes d’être présentés à nos lecteurs – les autres, nous n’en parlons pas.
Un dernier mot pour évoquer le VIIe Colloque du Cercle Renaissance Traditionnelle, consacré au bicentenaire de la mort de Willermoz, qui s’est tenu à Paris le 7 octobre dernier et a remporté un succès mérité en présence d’environ 180 personnes. Que ceux et celles qui n’ont pu s’y rendre se consolent : la prochaine livraison des nouveaux Cahiers de Saint-Martin, en décembre 2025, sera entièrement consacrée à la publication des actes.
Bonne lecture à tous.
Ce numéro est disponible sur le site de Renaissance Traditionnelle !