En cette année de tricentenaire, les Early Masonic Catechisms restent une des sources majeures pour la connaissance de la première Maçonnerie britannique. Pierre Noël attire notre attention sur l’un d’entre eux, trop souvent négligé : The Mystery of Freemasonry. L’intérêt de ce texte est justement qu’il ne rentre pas parfaitement dans le modèle élaboré au fil des ans par les historiens. Parmi les originalités du document : un règlement qui requiert la présence d’au moins un Maçon opératif par Loge ! Nous avons été parmi les premiers en France à souligner combien la continuité entre opératifs et spéculatifs posée par Harry Carr était problématique. Mais ce « petit caillou » dans la chaussure de l’historien est passionnant. S’il ne remet certainement pas en cause le modèle général, il montre en tout cas que la question des liens avec l’opératif s’est posée dès les débuts de la franc-maçonnerie moderne.
Une nouvelle découverte est toujours un événement. Surtout quand elle concerne un domaine où les archives et documents sont déjà nombreux comme le Régime Écossais Rectifié. Thomas de la Sore a donc mis à jour la Règle des Chevaliers Bienfaisant de la Cité Sainte qui, au XVIIIe siècle, complétait le Code. Elle était jusqu’à présent restée dans l’ombre. Il nous en procure le texte et – pour les quelques-uns d’entre nous qui ne seraient pas des latinistes chevronnés ! – Jean-François Var nous propose une traduction.
Que l’on s’en félicite ou qu’on le regrette, René Guénon et son œuvre ont marqué la Maçonnerie française. La nature des liens de Guénon avec la franc-maçonnerie est donc un sujet d’intérêt pour l’historien des idées maçonniques. Il a été beaucoup écrit sur son initiation à la Loge Humanidad puis sur son affiliation à la Loge Thébah de la Grand Loge de France. Exhumant plusieurs documents inconnus dans les « Archives russes », Philippe Langlet nous relate ici la véritable histoire de l’affiliation de Guénon à la Grande Loge… et – quelle surprise ! – elle est bien loin de l’histoire sainte entretenue par certains milieux guénoniens.
Les francs-maçons d’autrefois – pour reprendre le beau titre de Jean Bossu – ne sont souvent que des noms dans des archives. Il apparaît souvent difficile de se faire une idée de leur personnalité et de la place de la Maçonnerie dans leur existence. Avec ce talent de la biographie dont il a le secret, Jacques Tuchendler nous restitue aujourd’hui la vie de l’un d’entre eux : Randon de Lucenay. Au côté de Roëttiers de Montaleau dont il est un ami proche, il joue un rôle important dans cette période critique de l’histoire du Grand Orient de France qui va de la Révolution au début de l’Empire.
Et de deux ! Catherine Amadou vient de découvrir deux nouveaux manuscrits du Traité sur la réintégration des êtres de Martines de Pasqually. Elle nous présente ici ces deux nouvelles pièces rares. Reprenant le projet esquissé il y a quelques années par notre ami Xavier Cuvelier-Roy, elle nous propose un très utile tableau détaillé et actualisé des dix-sept manuscrits du Traité connus à ce jour.
Avec ce numéro 187-188, Renaissance Traditionnelle termine donc l’année 2017. Il est ainsi temps, cher et fidèle lecteur, de penser à votre réabonnement pour 2018.
Pierre Mollier
Rédacteur en chef Renaissance Traditionnelle
- The Mystery of Free-Masonry, 1730, par Pierre Noël
- La Règle des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte, par Thomas de la Sore
- Du nouveau sur les aventures du jeune René Guénon à la Grande Loge de France, par Philippe Langlet
- Un ami intime d’Alexandre Louis Roëttiers de Montaleau : le T. C. F. et V. M. Randon de Lucenay, par Jacques Tuchendler
- Deux nouveaux manuscrits du Traité sur la Réintégration de Martinès de Pasqually : les manuscrits Matter et Gaudard. Suivi de la liste des dix-sept manuscrits inventés à ce jour, par Catherine Amadou
Ce numéro double peut être commandé en ligne au prix de 30 €.