Voici le sommaire de ce numéro dédié à "la Grande Profession : Documents et découvertes, le Fonds Turckheim":
- Pierre Mollier - Avant-propos. p. 205
- Gaël Meigniez - Renaut de Montauban aux origines du mythe d'Hiram. p. 206
- Pierre Mollier - La souscription pour la médialle d'hommage de la Mère Loge Ecossaise au Frère Archichancelier Cambacérès. p. 266
- Pierre Lachkareff - Notes de lecture. p. 272
Edito de Pierre Mollier
Ce numéro 180 de Renaissance Traditionnelle est entièrement consacré à une question essentielle de l’histoire des rites, symboles et légendes maçonniques : les sources du mythe d’Hiram. Dans les années 1725/30, l’histoire du destin tragique de l’architecte du Temple de Salomon devient la base du « nouveau » grade de maître et donc l’aboutissement de l’enseignement du « métier ». Mais en associant une légende, et non simplement une série de symboles, au rituel d’un grade, la légende d’Hiram inaugure aussi un schéma sur lequel seront constitués les « autres grades », ces « hauts grades » si importants dans l’histoire maçonnique.
Dans son livre Hiram et ses frères, Roger Dachez a pu reconstituer les principales étapes de la formation du grade de Maître dans la première franc-maçonnerie spéculative au début du XVIIIe siècle. Il citait le roman de Renaut de Montauban comme une des sources possibles de la légende d’Hiram tant les destins des deux personnages semblent parallèles. Dans A plus hault sens : l'ésotérisme spirituel et charnel de Rabelais , Claude Gaignebet avait publié des images populaires naïves et troublantes où l’on voyait Renaut recevoir un coup de marteau sur le front. Après l’analyse de la formation du grade de Maître et la multiplication des indices d’une parenté étroite entre Hiram et Renaut, il convenait de s’attaquer au cœur du sujet. Gaël Meigniez nous propose aujourd’hui un consistant dossier sur Renaut de Montauban, ses histoires, leur ancienneté, leurs variantes, leur diffusion. C’est une véritable enquête dans l’imaginaire symbolique qui permet de conforter l’hypothèse et de repérer les points d’accroche qui font le pont entre la légende médiévale et la figure symbolique centrale de la franc-maçonnerie.
La démonstration est convaincante et montre comment, au-delà de ses sources directes, la franc-maçonnerie plonge aussi ses racines fort loin dans le corpus symbolique de l’Europe d’autrefois. Elle est bien sûr une institution du XVIIIe siècle, mais, derrière les formes du siècle des Lumières, apparaît souvent un fond symbolique bien plus ancien. Nos rituels sont des sortes de palimpsestes. En grattant un peu, affleure vite un enseignement sorti de la nuit des temps.
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